Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et non point patrice. Nous venons de rapporter le passage où cet historien le dit positivement. Flodoard qui a écrit sous la seconde race, dit aussi qu’Anastase confera le consulat à Clovis. Nous venons de rapporter le passage de cet auteur.

Aimoin qui n’a écrit que sous les rois de la troisiéme race, est le premier qui ait dit qu’Anastase n’avoit conferé à Clovis que le patriciat. Selon lui, les envoyés de l’empereur Anastase ne remirent à Clovis dans la ville de Tours que les provisions du patriciat ? Peut-on mettre en balance l’autorité de cet historien avec celle des quatre auteurs qui ont écrit sous la premiere ou sous la seconde race, et qui disent tous unanimement, et sans être contredits par aucun de leurs contemporains, que Clovis fut fait consul. Aimoin d’ailleurs se réfute lui-même, car après avoir dit ce qu’on vient de lire, il ajoute que Clovis se para des vêtemens consulaires, et il termine son récit par ces paroles. « Depuis ce tems-là Clovis se trouva digne d’être appellé consul et empereur. » tout ce que peut prouver la narration d’Aimoin, c’est que ce religieux prévenu de l’idée que les Francs s’étoient rendus maîtres des Gaules par voye de conquête, n’aura pas pû croire que l’empereur eût voulu conferer la puissance consulaire à l’ennemi du nom Romain. Aimoin aura donc changé, de son autorité, le consulat en patriciat, qui souvent n’étoit plus qu’une dignité honoraire. Ce qui a trompé Aimoin, peut bien aussi avoir trompé les auteurs modernes qui ont suivi son sentiment.

Non-seulement Clovis prit possession solemnellement de sa nouvelle dignité, mais il en porta encore ordinairement les marques. Du moins c’est ce qu’un des plus précieux monumens des antiquités françoises donne lieu de présumer. J’entends parler de la statue de ce prince, qui se voit avec sept autres representantes un évêque, quatre rois et deux reines, au grand portail de l’église de saint Germain des Prez à Paris.

Dom Thierri Ruinart nous a donné dans son édition des œuvres de Gregoire de Tours l’estampe de ce portail, ainsi que l’explication des huit figures qui s’y trouvent, et que les antiquaires