Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/238

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les médailles qui representent une marche consulaire, l’empereur tient en main un sceptre terminé par un aigle, au lieu qu’il tient une branche de laurier dans celles qui representent un triomphe.

Nous avons déja parlé trop de fois de l’honneur que les rois barbares se faisoient d’obtenir les grandes dignités de l’empire Romain, et de l’avantage qu’ils trouvoient à les exercer, pour discourir ici bien au long sur les motifs qui engagerent Clovis d’accepter le consulat ? Combien de cités qui n’avoient donné des quartiers aux Francs qu’à condition qu’ils ne se mêleroient en rien du gouvernement civil, devinrent suivant les loix, soumises à l’autorité de Clovis dès qu’il eut pris possession de sa nouvelle dignité ? Elle le rendoit encore le vicaire d’Anastase dans tout le partage d’Occident où il n’y avoit point alors d’empereur, et par conséquent elle mettoit ce roi des Francs en droit d’entrer en connoissance de ce qui se passoit dans les provinces de ce partage tenuës par les Gots ou par les Bourguignons. Clovis en devenant consul, n’étoit-il pas devenu en quelque sorte le chef, et par conséquent le protecteur de tous les citoyens Romains qui habitoient dans ces provinces ? Voilà ce qui fait dire à Gregoire de Tours, que l’autorité de Clovis avoit été reconnuë generalement dans toutes les Gaules, quoique ce prince n’ait jamais assujetti les Bourguignons, qui en tenoient presque un tiers, et quoiqu’à sa mort, les Gots y possedassent encore les pays appellés aujourd’hui la Provence et le bas-Languedoc. Si nous ne voyons pas que Clovis ait fait beaucoup d’usage du pouvoir que la dignité de consul lui donnoit sur les Romains des provinces de la Gaule, tenuës par les Bourguignons et par les Gots, c’est qu’il mourut environ dix-huit mois après avoir pris possession de cette dignité, et qu’il employa presque tout ce tems-là à l’exécution d’un projet plus important pour lui, j’entends parler du projet de détrôner les rois des autres tribus des Francs, et de les obliger toutes à le reconnoître pour souverain.

Quant à l’empereur Anastase, que pouvoit-il faire de mieux lorsque les provinces du partage d’Occident étoient occupées par differentes nations barbares, et lorsque les Romains ne pouvoient plus esperer de les en faire sortir par force, que de traiter avec une de ces nations afin de l’armer contre les autres, et de l’engager à les en chasser, dans l’esperance qu’après cela elle de-