Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/252

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& l’on ouvrit les portes de la Ville aux alliegeans, qui furent reçûs avec toutes les démonstrations de soumission qu’ils pouvoient attendre. Deux jours après, Clovis qui avoit dessein de mener son armée, laquelle s’étoit rafraîchie, à quelqu’autre expédition de même nature, dit à Saint Euspicius qu’il vouloit qu’on l’élût Evêque de la Ville qu’il venoit de sauver. Le serviteur de Dieu ayant refusé l’Episcopat avec une fermeté inébranlable, Clovis lui dit : suivez-moi donc, & m’accompagnez jusqu’à Orleans. »

L’auteur de la vie de saint Mesmin rapporte ensuite, qu’Euspicius suivit Clovis, et que ce prince fonda en considération de ce saint personnage, l’abbaye de Mici, dont saint Mesmin, neveu d’Euspicius fut le superieur après son oncle. J’ajouterai que nous avons encore la chartre de la fondation de l’abbaye de Mici, par Clovis.

Pour revenir à mon sujet, il paroît donc que Verdun et quelques autres villes qui étoient renfermées dans les pays occupés en differens tems par la tribu des Ripuaires, n’auront pas voulu d’abord devenir sujettes de Clovis, bien qu’il eût été élû roi par cette tribu, et qu’il aura fallu que le roi des Saliens employât la force pour réduire ces villes sous sa domination. D’ailleurs le peu que nous sçavons concernant le royaume des Ripuaires, nous porte à penser qu’il étoit près le royaume des Saliens, la plus considérable des monarchies, que les tribus des Francs avoient établies dans les Gaules, et par conséquent, qu’il pouvoit bien s’étendre depuis Nimegue jusqu’à Verdun. En effet, nous verrons que les Ripuaires ne laisserent point après qu’ils eurent reconnu Clovis pour leur roi, de subsister toujours en forme d’une tribu distincte et séparée de celle des Saliens. Comme nous le dirons plus au long dans la suite : la tribu des Ripuaires avoit encore son code particulier, et vivoit encore suivant cette loi, sous nos rois de la seconde race. Au contraire, les autres tribus des Francs, que nous allons voir passer sous la domination de Clovis, furent incorporées avec celles des Saliens, aussi-tôt qu’elles eurent reconnu ce prince pour leur roi. Il n’est plus fait mention dans l’histoire des tems postérieurs au regne de Clovis, ni des Chattes, ni des Chamaves,