Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/253

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ni des Ampsivariens, ni des autres tribus des Francs dont il est parlé dans l’histoire des tems antérieurs à leur réduction sous l’obéissance de ce prince. On ne voit plus paroître dans l’histoire des successeurs de Clovis, que les Francs, absolument dits ; c’est-à-dire, la tribu formée par la réunion de cinq ou six autres à celle des Saliens qui devoit être la principale, et les Francs Ripuaires. Je ne me souviens pas même d’avoir lû le nom de Sicambres dans les écrivains en prose, posterieurs au regne de Clovis. S’il se trouve encore dans quelques auteurs de ces tems-là, c’est dans les poëtes qui ont eu plus d’attention à la construction de leurs vers, qu’à l’usage present des noms propres.

Reprenons la narration de Gregoire de Tours. Cet historien, immédiatement après avoir raconté l’union des Etats de Sigebert à ceux de Clovis, rapporte la fin tragique de Cararic[1], un autre roi des Francs, et qui suivant toutes les apparences s’étoit cantonné dans le pays partagé aujourd’hui entre les diocèses de Boulogne, de Saint Omer, de Bruges et de Gand.

» Clovis, die Gregoire de Tours, entreprit ensuite de se faire raison enfin, de Cararic, qui avoit refusé de se joindre à lui contre Syagrius, & qui avoit voulu demeurer neutre alors, afin d’être le maître de s’allier à celui des deux rivaux de grandeur qui seroit victorieux. Cararic & son fils furent bien-tôt livrés à Clovis, qui leur fit couper les cheveux, & les obligea de prendre les Ordres Sacrés. Le pere fut ordonné Prêtre, & le fils Diacre. Un jour que Cararic déploroit les larmes aux yeux sa destinée, son fils lui dit : consolez-vous, mon pere ; quand on nous a dépouillés de notre dignité, & quand on nous en a ôté les marques, on n’a fait autre chose que de couper le feuillage d’un arbre plein de séve. Bien-tôt il en aura repoussé un nouveau. Que nous serions heureux si celui qui nous a fait tondre pouvoit périr dans aussi peu de tems qu’il en faut à nos cheveux pour revenir. Clovis informé de tout ce discours, ne douta point que les Princes dégradés ne fussent

  1. Voyez ci-dissus, liv. 3. ch. 19.