Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/28

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territoire de Laon, qui pour lors faisoit encore une portion du territoire de la cité de Reims. Ce ne fut que plusieurs années après l’évenement dont il s’agit ici, que saint Remy démembra la cité ou le diocèse de Reims, pour en annexer une partie au siége épiscopal qui fut alors érigé à Laon, et que Laon devint ainsi la capitale d’une cité particuliere. Clovis fit de son mieux pour épargner au plat pays de la cité de Reims, qu’on voit bien qu’il regardoit comme un pays ami, tous les désordres qu’une armée comme la sienne ne pouvoit gueres manquer de commettre. Il évita par ce motif de le traverser ; mais il ne lui fut pas possible de ne point effleurer du moins ce pays-là. D’un autre côté, le sénat de Reims prit si peu d’allarme à la nouvelle de l’approche de cette armée, qu’il ne daigna point faire prendre les armes à ses milices, pour leur faire cotoyer la marche des Francs, et cette sécurité fut même la principale cause qu’il s’y fit quelque pillage. » Clovis, dit Hincmar, en parlant de cette expédition, ne voulut point que son armée prît passage à travers la Citéde Reims, dans la crainte qu’elle n’y commît bien des desordres. Il la fit donc marcher le long du territoire de cette Cité, en lui faisant suivre la chaussée qu’on appelle encore aujourd’hui à cause de cela, le chemin des Barbares. Il arriva néanmoins sans que ce Prince en sçût rien, & même contre son intention, que des Maraudeurs qui se débanderent pour aller à la picorée, coururent le plat pays de la Cité de Reims, où ils pillerent plusieurs Eglises, parce qu’ils n’y rencontrerent point de gens de guerre qui leur fissent tête. » Le vase d’argent qui donna lieu à un incident des plus mémorables de la vie de Clovis, et dont nous parlerons dans la suite, fut pris en cette occasion.

Flodoard qui a écrit dans le dixiéme siecle l’histoire de l’église de Reims, semble dire que l’armée des Francs passa le long des murs de la ville de Reims. C’est ce qui a fait penser à quelques-uns de nos écrivains, que Clovis avoit traversé comme un pays ennemi, toute la cité de Reims, (nous prenons ici