Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le mot de cité dans le sens où nous avons déclaré dès le commencement de cet ouvrage, que nous le prenions) et que ç’avoit été dans la ville de Reims uniquement, et non point dans le plat-pays de son district, qu’il avoit voulu que ses troupes ne missent pas le pied. Il s’ensuivroit, en adhérant à cette interprétation du texte de Flodoard, que les maraudeurs qui enleverent le vase d’argent dont nous parlerons bientôt, l’auroient pris dans une église de la ville de Reims, et non point dans une église de son plat-pays. A entendre le texte de cet historien à la rigueur, cet écrivain auroit même voulu dire que le vase en question eût été pris dans l’église de Reims absolument dite, dans la cathédrale. Le commentateur de Flodoard prétend que ce fut si bien le long des murs de Reims que passa l’armée de Clovis, qu’il veut que le chemin des Barbares dont il est parlé dans Hincmar, soit la ruë Barbastre [1]. C’est le nom que porte une des ruës de Reims, mais qui est dans le quartier de cette ville, qui n’a été renfermé dans l’enceinte de ses murailles, que long-tems après le regne de Clovis.

Pour plusieurs raisons, l’autorité de Flodoard ne sçauroit balancer ici celle d’Hincmar, qui dit que ce fut le long du territoire de Reims, et non pas le long des murs de la ville de Reims, que Clovis fit marcher son armée ; mais il est aisé de concilier ces deux écrivains, en supposant que Flodoard auroit écrit urbs pour civitas, ou la ville pour la cité. Cette supposition est appuyée de deux raisons, dont une seule suffiroit pour l’autoriser.

En premier lieu, dès le tems de Gregoire De Tours, on disoit déja quelquefois la ville, au lieu de dire la cité, en comprenant sous le nom de ville, tout ce qui se comprenoit ordinairement sous le nom de cité ; c’est-à-dire, la ville capitale de la cité et son territoire : on disoit une partie pour le tout. Comme je ne sçaurois ici renvoyer mon lecteur au glossaire latin de M. Du Cange, qui ne parle point ni sur l’un ni sur l’autre de l’acception abusive du mot d’Urbs, en usage dès le sixiéme siecle, il faut prouver au moins par deux ou trois passages ce que je viens d’avancer.

Gregoire de Tours parlant de Chinon à l’occasion du couvent que saint Meisme y avoit bâti, appelle Chinon, un château de la ville de Tours. On ne sçauroit dire que notre

  1. Notæ Colvenerii in Flod. pag. 28.