Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/321

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tez de vous cet enfant, ou je vais vous percer vous & lui du même coup. C’est vous qui avez lié la partie, & vous voulez la rompre, quand elle n’est encore jouée qu’à moitié. A ces mots, Childebert se dégagea des bras de son neveu, qu’il poussa même à Clotaire, comme pour lui dire : Vous êtes le maître d’en user ainsi qu’il vous plaira. Clotaire saisit cet enfant, qui eut la même destinée que son frere aîné. On égorgea ensuite les Gouverneurs des fils de Clodomire, & la plupart de ceux qui étoient venus à la suite de ces Princes infortunés. Dès que la tragédie fut terminée, Cloraire monta à cheval, & sortit de Paris, se mettant peu en peine de tout ce qu’on y diroit du meurtre de ses neveux. Pour Childebert, il se renferma dans un Palais qu’il avoit aux portes de la Ville. La Reine Clotilde fit mettre les corps de ses deux petits-fils dans un même cercueil ; & suivie d’un Convoi nombreux, elle les conduisit elle-même à la Basilique de Saint Pierre, où ils furent inhumés. L’aîné de ces Princes avoit dix ans, & son cadet en avoit sept. Quant à Clodoaldus le troisiéme des fils de Clodomire, il ne périt pas dans cette catastrophe, mais il fut sauvé par des personnes qui eurent assez de courage, pour l’enlever du Palais de Childebert. Dans la suite Clodoaldus ouvrant les yeux, renonça au siecle ; & après s’être coupé les cheveux de la propre main, il entra dans l’état Ecclésiastique, où il est mort Prêtre du Seigneur, & en odeur de sainteté. » C’est la même personne qui est connuë présentement et honorée sous le nom de Saint Cloud. L’idée, qu’un prince à qui l’on avoit coupé les cheveux avoit été par cette espece de dégradation rendu inhabile à regner, et dont nous avons parlé déja plus d’une fois, subsistoit encore sous la seconde race. Lothaire pour rendre Charles-Le-Chauve incapable d’être roi, tâcha de se saisir de la personne de ce prince son frere, pour lui couper les cheveux. Les Visigots pensoient même sur ce sujet-là comme les Francs. Le dix-septiéme canon du concile de l’Eglise d’Espagne, tenu à Tolede l’année six cens trente-huit, ordonne qu’on ne pourra point choisir pour roi celui qui se sera fait couper les cheveux, ou à qui les cheveux auront été coupés par forme de punition. Gregoire de Tours reprend la parole.