Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/323

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vingt-six, ébranla un peu la puissance de cette nation qui, comme nous l’avons vû, s’étoit alliée avec les Bourguignons durant leur derniere guerre contre les Francs[1]. Nous parlerons ailleurs du partage des Etats que ce prince avoit gouvernés jusqu’à sa mort. Néanmoins, soit que les Ostrogots ne laissassent point d’être encore redoutables, bien qu’ils n’eussent plus Theodoric à leur tête, soit que les rois Francs ne fussent point en un assez bonne intelligence pour faire une grande entreprise de concert, ils ne recommencerent la guerre contre les Bourguignons que vers l’année cinq cens trente-deux, et huit ans après la derniere paix. Mon sentiment est fondé sur la chronique de l’évêque d’Avanches qui a écrit dans le sixiéme siecle, et dans une cité qui jusqu’à la fin de la monarchie des Bourguignons, a toujours été sous leur domination. Cet auteur, après avoir raconté le rétablissement de Godemar sur l’année cinq cens vingt-quatre, ne parle plus des Francs et des Bourguignons jusqu’à ce qu’il soit arrivé à l’année cinq cens trente-quatre. Il dit alors, que cette année-là, Childebert, Clotaire, et Theodebert rois des Francs, s’emparerent de la Bourgogne, et qu’après avoir obligé Godemar roi de ce pays, à se sauver, ils la partagerent entre eux. Mais comme le roi Thierri pere de Theodebert, et mort en cinq cens trente-trois, vivoit encore lorsque Childebert et Clotaire commencerent leur seconde guerre contre les Bourguignons, et qu’il eut même le loisir de faire quelques expéditions après qu’elle eut commencé et pendant sa durée. Je crois que cette seconde guerre fut entreprise dès cinq cens trente-deux, bien qu’elle n’ait été terminée qu’en cinq cens trente-quatre.

Quel fut en cinq cens trente-deux le sujet de la rupture de la paix que les Francs et les Bourguignons avoient faite en cinq cens vingt-quatre, je l’ignore. On peut croire que le motif qui fit entrer de nouveau les fils de Clovis à main armée en Bourgogne, fut uniquement le désir de s’emparer d’un pays qui étoit autant à leur bienseance que celui-là. Du moins trouve-t’on dans Procope de quoi appuyer ce sentiment. Notre historien rapporte, que quelques années après la conquête de la Bourgogne, un ministre de l’empereur Justinien dit aux Ostrogots, à qui les Francs proposoient alors une association entre les deux peuples. » Les Francs se vantent d’être fideles à leurs engage-

  1. En 514.