Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/333

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Paulellus, un Prêtre de cette Ville. On la leur indiqua, & comme pour s’y rendre ils passoient par le marché, ils entendirent sonner Matines, parce qu’il étoit Dimanche ce jour-là. Ainsi Paulellus étoit déja éveillé lorsqu’ils frapperent à sa porte qui leur fut ouverte sur le champ : Léon exposa d’abord à Paulellus en quelle situation Attalus se trouvoit. Le songe que j’ai eu cette nuit, s’écria le Saint Prêtre, n’étoit donc pas un simple rêve, c’étoit une vision véritable : en effet, j’ai songé que deux colombes, dont l’une étoit blanche & l’autre noire, se perchoient sur mon bras : mais nos voyageurs affamés lui dirent, sans vouloir raisonner sur un augure si heureux : nous croyons que le Seigneur voudra bien nous pardonner d’avoir, affamés comme nous le sommes, déjeûné avant que d’assister au service divin, quoiqu’il soit aujourd’hui Dimanche. Faites-nous donc donner à manger, car il y a quatre jours que nous n’avons vû ni pain, ni vin, ni viande. Paulellus fit manger à ses hôtes du pain trempé dans du vin, & après les avoir cachés, il s’en fut chanter Matines. Cependant le Maître d’Attalus & de Léon revint à Reims sur quelque nouvelle de ses esclaves qu’on lui avoit données, & il demanda à Paulellus qu’il eût à les lui livrer ; mais comme depuis long-tems cet Ecclésiastique avoir de grandes liaisons avec l’Evêque de Langres, il se garda bien de les lui remettre, & il fit au Franc une réponse qui le dépaïsa. Enfin nos fugitifs, après s’être reposés quelques jours dans la maison de leur protecteur, se mirent en chemin, & ils arriverent sains & saufs dans Langres. Gregorius répandit des larmes de joye quand il embrassa son neveu ; & pour récompenser le courage & la fidelité de Léon, il affranchit cet esclave, ainsi que toute sa famille, & il lui donna encore la pleine proprieté de la terre, à la culture de laquelle ils étoient attachés. »

Nous avons dit qu’un des motifs qui obligea Thierri vers l’année cinq cens trente-trois de se raccommoder avec ses freres, fut la nécessité de faire tête aux Visigots qui tentoient quelque diversion en faveur de Godemar, en un tems où il se défendoit encore, et le dessein de profiter de cette occasion pour reprendre sur ces mêmes Visigots quelque partie du pays qu’ils avoient enlevé aux Francs après la mort de Clovis, et que les Francs