Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/339

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quelques cantons qu’ils pouvoient tenir sur la droite du Rhône, entre les mains des Francs, par quelqu’accord qui fut bien-tôt rompu.

En effet on ne sçauroit douter que sous le regne d’Athalaric, qui mourut en cinq cens trente-quatre, la nation des Ostrogots n’ait fait aux Francs une cession assez considérable, soit en leur délaissant quelque portion de territoire, soit en leur transportant les droits qu’elle prétendoit avoir sur la partie des Gaules, que les Francs tenoient déja. J’ai pour garant Jornandès ; qui a écrit environ cinquante ans après l’année cinq cens trente-trois. Voici ce que dit cet historien dans les deux ouvrages qu’il nous a laissés. Il écrit dans son Histoire des Gots : » Les Francs qui ne craignoient point un Roi enfant, & qui même le méprisoient, prirent les armes contre Athalaric, pour lui enlever quelques Contrées que son ayeul & son pere avoient acquises dans les Gaules. Ce Roi les appaisa par une cession. » Le même auteur dit dans son Histoire générale des révolutions arrivées dans les siecles et dans les Etats : » Theodoric Roi d’Italie étant mort, il eut pour successeur, conformément à la disposition qu’il avoit faite, son petit-fils Athalaric. Ce Prince quoique très-jeune par son âge & par ses inclinations, ne laissa point de regner huit ans. C’étoit sa mere Amalasonthe, qui gouvernoit. Elle céda aux Francs qui poursuivoient leurs prétentions avec chaleur, les Gaules qui depuis longtems étoient en dispute entr’eux & les Ostrogots. » Peut-on croire que Jornandés qui écrivoit dans un tems si voisin des évenemens dont il s’agit, se soit trompé assez lourdement pour écrire que la cession de la province que les Ostrogots tenoient entre le bas-Rhône et les Alpes, ainsi que la remise actuelle de cette province aux Francs, qui, comme nous le verrons, ne furent faites que plus de deux ans après la mort d’Athalaric, et même après la mort d’Amalasonthe qui survêcut son fils, ayent été faites du vivant et sur les ordres expédiés au nom de ce prince. Il n’y a point d’apparence. Il faut donc qu’Athalaric eût fait aux Francs quelqu’autre cession, soit de droits, soit de territoire, la derniere