Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/340

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année de son regne, et que ce soit de cette cession-là que Jornandès ait voulu parler.

Nous avons encore dans le douziéme livre des Epitres de Cassiodore qui contient celles que ce grand homme écrivit au nom des successeurs de Theodoric, et par consequent après l’année cinq cens vingt-six que ce roi mourut, un acte qui fait foi que les Ostrogots étoient alliés aux Bourguignons durant la derniere guerre des Francs contre les Bourguignons ; guerre qui finit par la conquête du pays de ces derniers. C’est un édit par lequel le roi des Ostrogots informe les peuples de la Ligurie d’un avantage que les Bourguignons venoient de remporter sur les Allemands, et où il déclare à ces mêmes peuples, qu’attendu la disette où ils étoient, il leur remet la moitié des impositions annuelles, et veut bien leur permettre d’acheter du bled dans les greniers royaux. On a vû déja qu’après la bataille de Tolbiac, une partie des Allemands s’étoit soumise aux Francs, et que l’autre s’étoit soumise aux Ostrogots. Certainement ce n’est point une victoire remportée par les Bourguignons sur les Allemands soumis aux Ostrogots, que l’édit annonce comme une bonne nouvelle aux peuples de la Ligurie. Il faut donc qu’il s’agisse dans cet édit de la défaite des Allemands sujets de la monarchie Françoise, qui pour faire diversion, avoient attaqué de leur côté, c’est-à-dire, vers le Mont-Jura, les Bourguignons alliés pour lors aux Ostrogots.

Quoique Cassiodore crut encore à la fin de l’année cinq cens trente-trois, le royaume des Bourguignons en état de subsister long-tems, son terme fatal étoit néanmoins arrivé. Il fut conquis par les Francs l’année suivante. Soit qu’ils ayent pensé que la convention faite avec Athalaric ne les obligeoit plus après la mort de ce prince arrivée pour lors, soit qu’ils ayent eu d’autres raisons de ne point observer cette convention, ils acheverent en cinq cens trente-quatre la conquête de la Bourgogne, dont ils avoient déja conquis, depuis la rupture, une partie ; et ils se rendirent si bien les maîtres du pays qu’ils n’en furent plus chassés. C’est à l’évêque d’Avanches que nous avons l’obligation de sçavoir précisément cette date, qui est d’un si grand usage dans l’histoire des enfans de Clovis. Ainsi nous transcrirons encore ici le passage de la chronique de cet évêque, où il nous l’a don-