Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/349

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Procope reprend la parole : » Du consentement d’Athalaric, les Viligots furent dispensés de lui payer les redevances annuelles, que Théodoric leur avoit imposées. Il fut même convenu qu’Athalaric restitueroit à son cousin Amalaric, le tresor des Rois Visigots, que Théodoric avoit autrefois emporté de Carcassonne, pour le porter à Ravenne. Enfin il fut stipulé que ceux des Ostrogots qui s’étoient mariés dans les Pays qui dėvoient demeurer aux Visigots, & réciproquement que ceux des Visigots qui s’étoient mariés dans les Pays qui devoient demeurer aux Ostrogots, auroient les uns & les autres, à leur choix, la faculté de demeurer dans le Pays où ils s’étoient domiciliés, ou celle d’emmener leur famille avec eux, s’ils jugeoient à propos d’en sortir, pour se retirer dans les Pays de l’obéissance du Roi de la Nation dont ils étoient. » On voit par-là que, comme nous venons de le dire, les les Visigots et les Ostrogots, qui n’étoient originairement que deux tribus ou deux essains d’une même nation, n’avoient pas été confondus les uns avec les autres, quoiqu’ils habitassent pêle-mêle dans les mêmes contrées depuis vingt ans. Il faut une convention spéciale, afin que les Visigots qui s’étoient mariés dans le pays des Ostrogots, et que les Ostrogots qui s’étoient mariés dans le pays des Visigots, puissent être citoyens de la tribu dont ils n’étoient pas issus, au cas qu’ils veuillent rester dans la patrie de leurs femmes. Qu’on juge après cela combien les usages et les mœurs de ces tems-là s’opposoient à ce que les nations, qui étoient étrangeres en quelque sorte les unes à l’égard des autres, ne vinssent à s’incorporer et à se confondre.

Nous avons déja dit quelle fut la destinée d’Amalaric, comment il fut tué à Barcelonne vers l’année cinq cens trente et un, et à qui ses Etats passerent après lui. Pour Athalaric, il resta jusques à sa mort arrivée en cinq cens trente-quatre, sous la conduite de sa mere Amalasonthe. Quoique la coutume observée parmi les Ostrogots ne permît point qu’une femme regnât en son nom, elle permettoit néanmoins qu’une femme regnât sous le nom d’autrui. Athalaric avoit à peine atteint l’âge de dix-huit ans qu’il mourut. Dès qu’il fut mort, Amalasonthe devint aussi célébre par ses malheurs, qu’elle l’avoit été jusques-là par son élévation et par ses vertus. La coutume des Ostrogots ne lui permettant pas de regner sous son nom, elle crut qu’elle devoit associer un homme à son trône, et qu’elle pourroit regner aussi glorieusement sous le nom d’un mari, qu’elle avoit regné jusques-là sous le