Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/350

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nom d’un fils. Dans cette idée elle associa à son trône et probablement à son lit Théodat, un de ses cousins, et celui des grands de la nation des Ostrogots, qu’elle crut le plus propre à bien observer les conditions ausquelles cette princesse vouloit assujettir son époux ou son collegue, et qu’elle exigea de lui. On se doute bien qu’une des premieres conditions étoit, que Théodat ne se prévaudroit point de son titre, quel qu’il fût, pour lui ôter l’administration de l’Etat, et pour lui ravir une autorité, plus chere que la vie à celles qui l’ont exercée durant un tems. En effet, l’histoire est remplie de princes qui ont abdiqué la couronne, mais on y trouve un très-petit nombre de princesses qui se soient dépouillées volontairement du pouvoir souverain.

On va voir par un fragment de la lettre qu’Amalasonthe écrivit au sujet de son choix à Justinien, qu’elle ne vouloit point trop avoüer que son sexe la rendît incapable de porter seule la couronne, et qu’elle prétendoit tenir de sa naissance, du moins, le droit d’associer au pouvoir suprême la personne qu’il lui plairoit de choisir. » Nous avons, dit-elle, fait monter sur le Trône un Prince notre cousin, afin qu’il nous aide par la fermeté de ses conseils, à soutenir le poids du Sceptre. » Amalasonthe ajoute à quelques lignes de-là : » Rien ne fait tant d’honneur aux Princes, que de vivre en bonne intelligence les uns avec les autres, mais l’union qui regnera entre l’Empereur d’Orient & nous, me fera toujours un honneur singulier, puisqu’il n’y a point de Souverain, si grand qu’il puisse être, dont la splendeur ne soit encore augmentée par l’établissement de l’unanimité entre Justinien & lui. »

Nous observerons encore, à l’occasion de ces dernieres paroles, qu’elles font voir aussi-bien que le contenu de la lettre d’Athalaric à Justinien, laquelle nous venons de rapporter, que les rois des Ostrogots se prétendoient absolument indépendans de l’empire d’Orient. Ces princes prétendoient être à cet égard dans tous les droits des empereurs d’Occident prédécesseurs d’Augustule. En effet le terme d’unanimité, dont Amalasonthe se sert ici, étoit, comme je l’ai déja remarqué à l’occasion de l’avenement d’Avitus à l’empire d’Occident en quatre cens cinquante-cinq, le terme consacré, dont les empereurs d’Occi-