Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/352

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tre récompense de ses services, qu’un établissement et une retraite convenables à une reine, fille de roi, et mere de roi. Justinien promit plus qu’on ne vouloit ; mais les menées d’Amalasonthe furent découvertes, et Theodat la fit mourir. Je me conforme dans ce récit aux Histoires de Procope[1], quoique Gregoire de Tours raconte bien différemment la catastrophe d’Amalasonthe. Mais tous les sçavans sont convenus d’abandonner ici l’historien latin, pour suivre l’historien grec, qui avoit plus de capacité que l’autre, et qui avoit déja part aux affaires dans le tems que les évenemens dont il est question, arriverent.

Le meurtre d’Amalasonthe rendit Théodat si odieux aux Ostrogots, qui respectoient en elle le sang du fondateur de leur monarchie, et aux Romains, à qui elle étoit chere, parce qu’elle avoit reçu une éducation semblable à la leur, que Justinien crut qu’il étoit tems de recouvrer l’Italie. Il entreprit d’autant plus volontiers ce projet, qu’il avoit déja dans la province d’Afrique une armée victorieuse, celle qui venoit de subjuguer les Vandales. Bélisaire qui la commandoit eut donc ordre de passer en Sicile : c’étoit par la conquête de cette isle qu’il falloit commencer l’entreprise. Il y passa, et il la conquit en l’année cinq cens trente-cinq.

Ce fut alors que Justinien voulut négocier avec les rois des Francs, un traité qui obligeât ces princes à ne le point traverser dans le recouvrement de l’Italie sur les Ostrogots. Il n’étoit pas de leur interêt de souffrir que l’empereur des Romains d’Orient se rendît maître de cette province ; mais il se flattoit que le parti qu’il leur offriroit, et le ressentiment qu’ils devoient avoir contre le meurtrier d’une niece de Clovis, les engageroient à laisser détrôner Théodat sans tirer l’épée en sa faveur. Voici ce qu’on trouve dans Procope concernant la premiere négociation de l’empereur Justinien avec nos rois.

Cet historien, avant que de faire la digression sur l’origine et sur les premiers progrès des Francs, de laquelle nous nous sommes servis tant de fois, dit : » Justinien envoya aussi pour

  1. Hist. Fr. Lib. 3. Cap. 31.