Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/353

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lors des Ambassadeurs presenter aux Rois Francs une lettre dont la teneur étoit : Les Ostrogots non contens de s’être emparés par force de l’Italie qui nous appartient, & de refuser de l’évacuer, nous ont fait encore, sans que nous y eussions donné lieu, plusieurs injures des plus graves, l’honneur ne nous permet pas de les dissimuler. Voilà ce qui nous oblige à faire marcher une armée contr’eux ; il est juste que vous nous donniez du secours dans la guerre où nous nous engageons contre un ennemi qui doit être aussi le vôtre, principalement, parce qu’étant vous & moi de la même Communion, vous détestez les erreurs d’Arius qu’il fait profession de suivre. »

Il n’y a point d’apparence qu’une lettre, dans laquelle l’empereur d’Orient explique si clairement ses projets, soit la premiere qu’il ait écrite à Théodebert, qui étoit regardé comme le chef de la maison de France, parce qu’il étoit fils de Thierri l’aîné des enfans de Clovis. Je crois donc que la lettre qui vient d’être rapportée, n’aura été écrite que plusieurs mois après celle où Justinien félicitoit Théodebert sur son avenement à la couronne, et dont nous avons parlé à l’occasion du consulat de Clovis. La réponse que Théodebert fit à cette premiere lettre de Justinien, et dont nous avons donné un assez long extrait, dans l’endroit de notre ouvrage que nous venons de citer, aura noué une correspondance entre les princes Francs, et la cour de Constantinople, et dans la suite Justinien aura écrit la lettre que Procope nous a conservée, celle qu’on vient de lire, et dans laquelle notre empereur, pour me servir de l’expression ordinaire, s’avance en homme qui a déja sondé le gué.

La négociation réussit. » L’Empereur, dit Procope, joignit à sa lettre aux Princes Francs, un présent en argent comptant, & la promesse d’un subside considerable qui leur seroit payé dès qu’ils auroient commencé la guerre. Les Francs furent si satisfaits de ce qui leur étoit donné & de ce qui leur étoit promis, qu’ils s’engagerent à faire la guerre conjointement avec les Romains d’Orient. »

Cette alliance des rois Francs avec Justinien faite avant que la guerre eût commencé, est encore prouvée et rendue plus certaine, par ce que dit Procope dans le quatriéme livre de