Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/355

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lut avant toutes choses s’assurer de l’alliance de votre Nation, & qu’il n’attaqua son ennemi qu’après qu’elle se fut obligée, moyennant une grosse somme d’argent, qu’elle toucha, d’agir de concert avec lui ; cependant non-seulement les Francs ne tinrent pas compte alors d’accomplir les engagemens où ils étoient entrés, mais il n’y a sorte d’outrage que votre pere n’ait fait essuyer aux Romains d’Orient. Il a envahi plusieurs contrées du territoire de l’Empire sur lesquelles il n’avoit pas la moindre ombre de droit. Je ne viens pas ici, ajouta Leontius, pour vous faire des reproches sur le passé, mais pour faire en sorte que vous soyez véritablement de nos amis à l’avenir. » Le reste du discours de l’ambassadeur ne regarde pas le sujet dont il est ici question, je veux dire, l’alliance conclue entre Justinien et les enfans de Clovis, avant que Bélisaire fît sa descente en Italie, et qui fait ici notre principal objet.

On peut regarder deux autres lettres de Theodebert à Justinien, qui sont échappées aux injures du tems, et dont je n’ai point encore parlé, comme deux réponses que ce prince aura faites à deux dépêches que l’empereur lui avoit écrites quelque tems après la conclusion du traité dont il s’agit. Le lecteur quand il aura vû le contenu de ces réponses, jugera, si je me trompe. Dans la premiere, Theodebert dit qu’il a bien reçu la dépêche par laquelle Justinien le prioit d’envoyer incessamment trois mille hommes au secours du patrice Brigantinus ; mais que par des raisons dont Andreas, qui la lui avoit rendue, est bien informé, il n’avoit pas pû être assez heureux pour rendre le service qu’on lui demandoit. Ce prince finit par des protestations d’attachement, sa lettre, dont la suscription est : Le roi Theodebert au très-excellent et très-illustre seigneur notre pere l’empereur Justinien.

La seconde de celles des lettres de Théodebert à Justinien, desquelles il s’agit ici, contient la réponse à des questions que cet empereur avoit faites au petit-fils de Clovis, touchant l’étenduë de la domination des Francs dans la Germanie, et touchant les différens peuples de ces contrées qui reconnoissoient cette domination. Théodebert y parle comme un homme qui commu-