Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/367

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On ne sçauroit presque douter, que ce n’ait été entre ces deux expéditions des Francs en Italie, c’est-à-dire, entre l’année cinq cens trente-neuf et l’année cinq cens quarante-sept, que Justinien fit avec eux ce second traité, dont l’explication doit être le dernier chapitre de la partie historique de mon ouvrage. Il est probable que ce fut peu de mois après la premiere des deux expéditions de Théodebert, que Justinien persuadé qu’il ne pourroit point venir à bout des Ostrogots tant qu’il auroit la guerre contre les Francs, voulut profiter, pour faire un second traité avec eux, du dégoût qu’ils devoient avoir en cinq cens quarante pour les entreprises en Italie, qui venoient d’être le cimétiere des plus braves soldats de leur nation. Dans ce dessein Justinien se sera adressé à quelqu’un des Romains qui étoient dans la confiance des rois Francs, et par leur entremise il aura conclu son second traité avec ces princes. Peut-être le traité dont il est question aura-t’il été négocié par un Secundinus, qui, suivant Gregoire de Tours avoit beaucoup de crédit sur l’esprit de Théodebert, et qui se glorifioit beaucoup d’avoir été plusieurs fois l’ambassadeur de ce prince auprès de Justinien.

Si Procope avoit rapporté ce qu’il nous apprend concernant le traité dont il s’agit, dans la narration des évenemens de la guerre dont il écrit l’histoire. En un mot, s’il avoit parlé de ce traité en suivant l’ordre des faits, on pourroit peut-être en trouver la date précise. On pourroit la découvrir, en examinant quand seroient arrivés les évenemens qu’il auroit placés immédiatement avant ce qu’il écrit sur ce traité, ainsi qu’en examinant quand seroient arrivés les évenemens qu’il n’auroit placés qu’après ce récit ; mais ce que Procope dit concernant notre traité, il le dit dans des réflexions générales sur les suites funestes qu’avoit eues la guerre entreprise contre les Ostrogots. Ainsi on ne sçauroit asseoir aucune conjecture chronologique sur l’endroit de son histoire, où Procope a placé ce qu’il nous apprend touchant la cession absoluë des Gaules faite aux rois Francs par Justinien. Tout ce qu’il m’est possible de dire de plus précis ou plûtôt de moins vague sur la date de cet évenement[1], c’est qu’il est arrivé peu de tems après, ou peu de tems avant que Totila fut proclamé roi des Ostrogots, ce qui se fit en l’année cinq cens quarante-un. Ma raison, c’est que Procope dit dans le passage qu’on

  1. Petav. Rat. temp. lib. 7. cap. quinto.