Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/370

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fit redemander aux Francs sous le regne de Théodebald, étoit le pays des Vénétes, dont ils s’étoient emparés sous le regne de Théodebert, et à la faveur du désordre où les succès de Totila mettoient les affaires des Romains d’Orient. Procope reprend la parole. » Les Romains n’étoient point en situation de se défendre contre les Francs quand cette invasion fut faite, & les Ostrogots qui partageoient alors l’Italie avec les Romains, ne pouvoient point faire face à la fois à deux ennemis. Dans le même tems les Gépides à qui Justinien avoit donné des quartiers auprès de Sirmich & dans toute la Dace dès qu’il en avoir eu chassé les Ostrogors, s’érigerent en Tyrans dans ces Contrées. Ils y réduisirent en servitude les Romains qui les habitoient, & ils coururent ensuite & saccagerent les Provinces voisines. »

On concevra facilement que les successeurs de Clovis avoient un grand interêt à exiger de Justinien, qu’il ratifiât et qu’il validât, en la confirmant, la cession que les Ostrogots leur avoient faite en cinq cens trente-sept ; parce qu’elle n’étoit pas un titre valable contre l’empire, qui ne reconnoissoit point ces barbares pour possesseurs légitimes des pays et des droits qu’ils avoient cédés ou transportés aux Francs : mais quelque caduque que fût la cession faite aux Francs par les Ostrogots, elle devint bonne et valable par le consentement positif qu’y donna Justinien. D’ailleurs, cette confirmation qui étoit une véritable rénonciation aux droits de l’empire sur les Gaules faite en faveur des Francs, les autorisoit à exiger des Romains de cette grande province, ce qu’ils n’avoient pas encore pû leur demander, je veux dire un serment de fidélité absolu et sans aucune restriction. Jusques-là les Romains des Gaules avoient pû se regarder comme étant toujours sujets de l’empire, et comme n’étant tenus d’obéir aux rois Francs, qu’à cause du pouvoir que Clovis avoit reçû de l’empereur Anastase, et qu’il avoit transmis à ses enfans. Or ce pouvoir n’étoit, si j’ose m’expliquer ainsi, qu’un pouvoir administratif, un pouvoir précaire, un pouvoir emprunté et émané d’un autre souverain, et sujet par conséquent à inspection dans son exercice, comme à révocation dans sa durée. Mais après que Justinien eut cédé pleinement les Gaules aux enfans de Clovis, les habitans de cette vaste contrée durent reconnoître nos rois pour leurs seuls et légitimes maîtres. La pleine souveraineté des Gaules appartint dès-lors à ces princes en toute propriété. Il paroît même que Justinien se sçut gré en quelque sorte d’avoir don-