Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/371

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né aux Francs cette riche contrée. Procope rapporte qu’un ambassadeur de ces Gépides, à qui Justinien avoit, comme on vient de le dire, donné des quartiers auprès de Sirmich, et qui avoient abusé de cette concession, dit dans son audience à cet empereur : qu’il se flate que quelques contrées occupées par sa nation sur le territoire Romain, ne seront pas un sujet de guerre sous le regne d’un prince qui sent si bien qu’il a plus besoin d’amis que de terres, qu’il vient de céder aux Francs, et à d’autres peuples des provinces entieres.

Avant que de perdre de vûë le passage de Procope, dans lequel la cession des Gaules aux Francs est rapportée, il est à propos de réflechir sur quelques détails qu’il contient, et de dire pourquoi cet historien affecte de les écrire.

Dès qu’on est au fait des coutumes et des usages des Romains, on n’est pas surpris que Procope observe que les princes Francs voulurent aussitôt qu’ils eurent été reconnus souverains des Gaules par l’empereur, donner dans Arles des jeux à la troyenne. En effet, ces jeux qui ressembloient en plusieurs choses à nos carouzels, avoient été inventés par les Troyens, de qui les Romains se faisoient honneur de descendre, et ce spectacle national, s’il est permis de le dire, leur étoit d’autant plus agreable, qu’il étoit en quelque maniere une preuve de leur origine. C’étoit celui des jeux du cirque à qui cette nation si éprise des spectacles, étoit le plus affectionnée. Dans les autres, on voyoit ordinairement des esclaves, ou tout au plus des personnes à gages qui divertissoient le peuple, au lieu que dans les jeux à la troyenne, c’étoit les enfans des meilleures maisons, qui, pour ainsi dire, donnoient eux-mêmes cette fête domestique. D’ailleurs, les magistrats, les simples citoyens