Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/372

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pouvoient bien donner au peuple à leurs dépens, des combats de gladiateurs, des representations de tragédie ou de comédie, et d’autres fêtes, mais il n’y avoit que l’empereur qui pût le faire jouir du plaisir de voir les Jeux équestres dont nous parlons. Auguste, suivant le conseil de Mecenas, avoit reservé au prince seul le droit de donner ce spectacle. Il est vrai que Mécenas avoit aussi conseillé à Auguste de ne point celebrer ces jeux si distingués ailleurs que dans la capitale. Les Romains étant aussi épris des spectacles qu’ils le furent toujours, c’étoit les mettre en quelque façon dans la nécessité de venir de tems en tems dans une ville, où le souverain devoit être encore plus le maître qu’ailleurs. C’étoit donner un lustre particulier à la capitale. Mais les rois Francs devenus souverains indépendans des Gaules, ne se seront point tenus obligés à l’observation de cette loi. Au contraire ils auront été bien aises d’attacher à la ville d’Arles qui leur appartenoit, les droits et les prérogatives de Rome. Ainsi nos rois, en présidant à ce spectacle dans Arles, qui sous les derniers empereurs, avoit été comme la capitale des Gaules, faisoient connoître qu’ils étoient revêtus de tous les droits des césars, et que c’étoit le pouvoir impérial qu’ils exerçoient sur cette grande province de la monarchie Romaine.

Notre seconde observation roulera sur ce qu’écrit Procope, que les rois Francs ne commencerent qu’après cette cession à faire fabriquer des especes d’or à leur coin. Nous remarquerons pour confirmer ce qu’avance Procope, que comme il a été observé déja[1], nous n’avons aucunes médailles d’or des prédecesseurs de Clovis Premier, et qu’il est très-incertain que les monnoyes d’or qu’on voudroit lui attribuer, ainsi que celles qu’on veut attribuer à Thierri son fils, portent sa tête, et qu’elles appartiennent à ces princes morts avant que Justinien eût cédé la pleine souveraineté des Gaules aux Francs ; mais au contraire nous avons plusieurs monnoyes d’or[2] qui portent le nom et la tête de Theodebert, de Childebert et des autres princes qui regnoient quand cette cession fut faite, ou qui ont regné depuis. Je crois donc conformément au récit de Procope, que tous les princes qui avoient regné sur les Francs avant la cession dont il s’agit, n’avoient point fait frapper aucune espece d’or à leur

  1. Liv. 4. Ch. 17.
  2. Le Blanc, Tr. hist. des Monnoyes de France, pag. 14, 19, & 21.