Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/374

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m’empêcher d’être d’un sentiment contraire, & d’assurer que » ce qu’il dit, est un effet de la vanité Grecque, & qu’il a voulu dans cet endroit flatter les Empereurs aux dépens de la verité. Il n’en faut pas aller chercher des preuves plus loin que dans le Cabinet de Sa Majesté, où il y a vingt-quatre sols d’or très-fins & très-conservés, qui portent le nom & l’image de plusieurs Rois Visigots qui ont regné en Espagne. »

Il ne me paroît point difficile de justifier la sincerité de Procope contre les reproches fondés sur les deux faits allegués par l’auteur moderne qui vient d’être cité. Quant au premier, je dirai que l’historien grec n’entend point parler du roi qui regnoit sur la monarchie des Perses, du prince qui s’intituloit le Roi des rois ou le Grand roi, mais bien du chef de quelque peuplade de sujets de la monarchie des Perses sortis de leur pays par differens motifs, et qui s’étoient ensuite établis dans un certain canton du territoire de l’empire d’Orient, où ils vivoient sur le même pied que les barbares hôtes de l’empire d’Occident vivoient sur le territoire de cet empire avant son renversement arrivé sous Augustule. Qu’il n’y eut plusieurs peuplades de sujets du roi des Perses, qui fussent alors établies sur le territoire de l’empire d’Orient, c’est de quoi il n’est pas permis de douter. On voit en lisant le panégyrique de Maximilien Hercule, que dans les pays situés au-delà de l’Euphrate et qui après avoir été long-tems une partie du royaume des Perses se donnerent volontairement à l’empereur Diocletien, il étoit demeuré un nombre de Perses qui avoient reconnu volontairement son pouvoir, à condition qu’on les laissât vivre sous le gouvernement de chefs de leur nation, qui, conformément à l’usage de ces tems-là, avoient pris le titre de roi. C’est ce qu’il me paroît que signifie Regna Persarum dans le passage que je rapporte. Priscus Rhétor auteur du cinquiéme siecle dit, que de son tems, l’empereur Léon reçut des ambassadeurs que le roi des Perses lui envoyoit pour se plaindre que ses sujets, qui se réfugioient sur le territoire de l’empire d’Orient, y fussent reçus,