Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/375

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et que les romains lui débauchassent même tous les jours ceux qui habitoient sur la frontiere de ses Etats. Il paroît en lisant une des lettres de Sigismond roi des Bourguignons à l’empereur Anastase, que le chef ou le roi particulier de la nation des Parthes, qui pour lors étoit un des peuples soumis à la monarchie des Perses, traitoit actuellement pour se retirer à certaines conditions sur le territoire de l’empire d’Orient.

Il se peut faire encore que ce roi des Perses, dont parle Procope, fut un des descendans d’Hormisdas frere aîné de Sapor le roi des Perses, contre qui l’empereur Julien fit la guerre où il fut tué. Cet Hormisdas qui s’étoit établi dans l’empire, laissa certainement un fils qui s’appelloit Hormisdas comme lui, et de qui Ammien Marcellin et Zosime parlent dans leurs histoires[1].

Ce qui acheve de prouver que Justinien avoit des Perses, quels qu’ils fussent, au nombre de ses sujets, c’est qu’il employa un grand nombre de soldats et d’officiers de cette nation dans la guerre contre les Ostrogots. Procope parle en plusieurs endroits des Perses qui portoient les armes pour le service de ce prince en Italie. Il dit dans un de ces endroits : « Cabadés fils de Zamis et petit-fils de Cabadés roi de Perse, s’étoit réfugié depuis long-tems sur le territoire de l’empire, pour éviter les embuches de son oncle Chosroés, et il commandoit un corps composé de Perses transfuges. Comme on appelloit en Occident roi des Francs absolument un des rois qui regnoit sur les Francs, comme on y appelloit absolument roi des Bourguignons un des rois qui regnoient sur les Bourguignons, on aura de même appellé dans l’Orient roi des Perses tous les rois qui regnoient sur les Perses. Ainsi l’on aura nommé abusivement si l’on veut, rois des Perses, les chefs des peuplades de Perses établies sur le territoire de ce partage. C’est de ces chefs que Procope aura dit, qu’ils ne pouvoient point faire battre de la monnoye d’or à leur coin.

Quant aux rois des Visigots, les vingt-quatre monnoyes d’or de ces princes, lesquelles M. Le Blanc cite, et dont même il donne l’estampe, ne prouvent en aucune façon que les rois Visigots ayent fait fabriquer des monnoyes d’or à leur coin, dans les tems où de leur aveu, ils n’étoient encore que les Hôtes de l’empire d’Occident, et que par conséquent Procope ait tort

  1. Am. Mar. lib. 26. Zos. Lib. 4. p. 209.