Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/377

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cernant l’état et le gouvernement des Gaules sous Clovis et sous ses premiers successeurs.

Les Franċs[1], dont le territoire confine avec l’Italie, étoient autrefois connus sous le nom de Germains, & ce n’est que depuis quelques années qu’ils se sont rendus maîtres de presque toutes les Gaules. Ils sont même présentement en possession de la Ville de Marseille bâtie par les loniens. Cette Colonie Grecque qui s’est long-tems gouvernée suivant les coutumes & les usages de ses Fondateurs, obéit donc aujourd’hui à des Princes Barbares, sans qu’on puisse dire néanmoins que ses Citoyens soient devenus pour cela de pire condition. En effet les Francs ne ressemblent point aux autres Barbares qui ne veulent habiter que les campagnes, & qui ont en horreur le séjour des Villes. Au contraire les Francs qui sont tous Catholiques, pratiquent non-seulement le culte de la Religion en la même maniere que les Romains, non-seulement ils ont des Loix & des usages semblables aux nôtres concernant les ventes, les achats, & la maniere de rendre la Justice ; mais il y a encore plusieurs d’entr’eux qui exercent dans les Villes les Charges Municipales, & qui se sont engagés dans l’état Ecclésiastique. Les Francs chomment aussi les Fêtes comme nous. Enfin pour des Barbares, ils sont très-soumis aux loix, très-polis, & ils ne different guéres des Romains, que par la Langue qu’ils parlent, & par l’habillement qu’ils portent. »

Il seroit superflu de faire ici un long raisonnement pour montrer que l’Ostrogot dans sa cession validée par Justinien, et dont il s’agit ici, délaissa aux Francs non-seulement la province qu’il tenoit encore dans les Gaules, et qui ne faisoit pas la dixiéme partie de cette vaste contrée, mais aussi ses droits et prétentions sur toutes les Gaules. Si la cession faite par l’Ostrogot eut été aussi peu considerable, Procope n’eut point dit comme il l’a dit : que l’ostrogot avoit cedé les Gaules entieres qui étoient de sa dépendance. Il auroit écrit simplement : Que l’Ostrogot avoit cedé les Gaules, ou la partie des Gaules qu’il possedoit. L’Ostrogot remit donc aux Francs les pays qu’il tenoit actuellement, et il leur transporta ses droits, sur ce qu’il ne tenoit pas.

  1. Agath. de rebus Juf. lib. pr.