Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/376

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d’avancer ce qu’il avance. La plus ancienne de ces vingt-quatre médailles d’or est du roi de Liuva, qui commença son regne en cinq cens soixante et sept, et quand il y avoit déja près d’un siecle que les Visigots possedoient en toute souveraineté la portion du territoire de l’empire dont ils s’étoient rendus les maîtres. M. Le Blanc pouvoit alleguer quelque chose de plus plausible contre Procope. ç’auroit été de dire que long-tems avant que les rois Francs fissent fabriquer des especes d’or avec leur nom et leur effigie, Alaric Second roi des Visigots qui monta sur le trône en quatre cens quatre-vingt-quatre, et qui fut tué à la bataille de Vouglé en cinq cens sept, avoit fait battre des especes d’or d’un titre plus bas que le titre en usage dans l’empire, et qui devoient être marquées à son coin, puisque les auteurs du tems les désignent par l’appellation d’especes gothiques ou de sols d’or Alaricains . On peut voir dans l’endroit de notre ouvrage où il est parlé des motifs qu’eut le roi Clovis de faire la guerre contre Alaric, ce que disent concernant ces especes, les lettres d’Avitus et la loi nationale des Bourguignons. Mais cela ne prouveroit rien contre Procope, qui n’a entendu parler que des rois barbares établis dans un territoire dont les empereurs étoient encore reconnus souverains par les barbares mêmes qui s’y étoient cantonnés. Or nous avons vû que dès l’année quatre cens soixante et quinze Julius Népos avoit cédé les Gaules à Euric le pere et le prédecesseur d’Alaric. Après cette cession quelle qu’en fut la validité, les rois des Visigots se seront regardés comme pleinement souverains des Gaules, et ils y auront dès-lors fait frapper des especes d’or à leur coin, comme le pratiquerent les rois Francs après leur second traité avec Justinien. Alaric Second, comme on l’a vû, ne s’érigea-t’il point en législateur, je ne dis pas des Visigots, mais des Romains habitans dans son territoire ? On peut dire la même chose des especes d’or frappées au coin des rois Ostrogots qui prétendoient avoir la pleine souveraineté de l’Italie.

Procope n’est pas le seul historien du sixiéme siecle qui parle de la cession de Marseille, qui fut faite aux premiers successeurs de Clovis par Vitigès. Il est encore fait mention de cette cession dans l’histoire d’Agathias. Je vais rapporter l’endroit de son ouvrage où il en est parlé. D’ailleurs il se trouve encore très-propre à donner une idée du caractere géneral des Francs et de ce qu’ils étoient durant le sixiéme siecle, et par conséquent à disposer le lecteur à croire plus aisément ce que nous allons exposer con-