Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/379

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cette lettre, j’ai néanmoins la confiance, & je ne l’ai pas sans sujet, que si vous daignez avoir égard à la droiture de mes intentions, vous ne vous tiendrez point offensé ni par mon silence passé, ni parce que je prends le parti de vous écrire. Quand tout le monde étoit si empressé à faire la cour à Votre Hautesse, elle n’a point dû soupçonner personne d’indifference, & je ne dois pas craindre d’être rebuté pour être venu un peu tard. Le dégré d’élevation où vous êtes monté, rend votre personne précieuse même aux hommes de la condition la plus abjecte. Elle est devenue le premier objet de la véneration de ceux-là même de ses Sujets qui ne la connoissent pas bien encore. Nous nous préparons donc avec ardeur à obéir aux ordres d’un Prince débonnaire, & nous lui rendons nos devoirs avec une parfaite soumission. Recevez aussi avec bonté les premiers hommages de vos Sujets, & renvoyez-les satisfaits de votre clémence. » Le reste de la lettre, où l’on ne trouve point certainement la clarté des écrivains du siecle d’Auguste, est rempli, ou des mêmes sentimens rendus avec d’autres tours ou des enseignemens qu’un évêque d’Arles se croyoit en droit de donner, écrits dans le style du sixiéme siécle.

En conséquence du traité dont nous venons de parler, Justinien s’abstint de nommer des préfets du prétoire des Gaules, quoiqu’il se conduisît en Italie, comme étant aux droits des empereurs d’Occident. Le pere La Carri croit que Martias qui commandoit les troupes dans la province des Gaules tenuë par les Ostrogots, dans le tems qu’ils la remirent aux Francs en cinq cens trente-sept, ait été le dernier de ces préfets. Mais suivant mon sentiment, cet auteur se trompe, et Martias lui-même, n’a point été préfet du prétoire des Gaules. Aucun auteur ne lui donne cette qualité : d’ailleurs Théodoric roi des Ostrogots et ses successeurs gouvernoient les provinces de l’empire lesquelles ils occupoient ainsi que les derniers empereurs les avoient gouvernées, c’est-à-dire, suivant la forme d’administration introduite par l’empereur Constantin Le Grand ; ainsi Martias qui, selon Procope exerçoit le pouvoir militaire dans cette province, ne devoit point y exercer en même tems le pouvoir civil, et par conséquent y être préfet du prétoire. Enfin, suivant Procope,