Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/380

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les Ostrogots se vantoient qu’aucune personne de leur nation n’étoit entrée dans les emplois civils, et qu’ils les avoient laissés tous aux Romains. Nous avons rapporté le passage où Procope le dit, quand nous avons parlé de la maniere dont Théodoric Le Grand s’étoit conduit en Italie, après qu’il s’en fut rendu le maître, et le même historien écrit que notre Martias étoit Ostrogot de naissance. Ainsi le Romain qui exerçoit la préfecture des Gaules dans le tems que Martias commandoit les troupes en-deçà des Alpes par rapport à la ville d’Arles, aura été le dernier préfet des Gaules.

Le second traité que les rois Francs avoient fait avec Justinien ne fut point plus durable que le premier. Qui viola ce second traité ? Fut-ce le Franc ? Fut-ce le Romain d’Orient ? Comment le dire ? Comment oser le décider, quand nous ne pouvons entendre qu’une des parties, et quand nous ne sommes informés du détail de ce qui se passoit pour lors en Italie, que par deux auteurs, sujets de l’empereur d’Orient, Procope et Agathias ? Est-il facile même aujourd’hui que les souverains n’entrent pas en guerre les uns contre les autres, sans que chaque parti publie son manifeste, et je ne sçai combien d’autres écrits, pour montrer que ce n’est point lui qui a manqué le premier à l’observation des traités subsistans, de juger quel potentat est véritablement l’aggresseur. Je me contenterai donc de redire ici que peu d’années après le second traité conclu entre l’empereur Justinien et les rois Francs, Théodebert envoya en Italie une armée commandée par Buccellinus qui avoit ordre d’agir contre les Romains d’Orient, ce qu’il ne manqua point d’exécuter : car ce fut alors que les Francs firent en Italie la seconde des expéditions que nous avons déja remarqué qu’ils y avoient faites sous le regne de Théodebert. Après la mort de ce prince, son fils Théodebald y fit encore la guerre contre les Romains d’Orient ; mais comme ces expéditions dans lesquelles les Francs ne conquirent rien qui leur soit demeuré, ne font point une partie de l’histoire que j’écris présentement, je n’en parlerai point. Je vais donc finir par deux observations.

La premiere, c’est qu’il paroît que peu d’années après les expéditions de Théodebert et de Théodebald en Italie, nos rois entretenoient commerce avec la cour de Constantinople. Il s’étoit donc fait des traités de paix entre les Francs et les Romains