Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/38

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me se reposa quelques jours au Monstiers Saint Jean, & à l’instance de Hunna Abbé de cette Maison, il y écrivit la vie du bienheureux Jean, sur le témoignage des disciples du Confesseur de Jesus-Christ ; ou sur celui de ceux qui avoient vû ses disciples. » Une partie de ces témoignages devoit être des témoignages par écrit, et il se peut bien faire aussi que les mémoires où ils se trouvoient eussent été rédigés avant la conquête du royaume des Bourguignons par les enfans de Clovis. Jonas qui composa à la hâte sa vie du confesseur Jean, ne se sera point apperçû qu’il lui auroit convenu de supprimer quelque chose dans les mémoires sur lesquels il écrivoit, attendu le tems où il avoit la plume à la main.

On trouve cette vie de Jonas à la tête de l’histoire de l’abbaye de saint Jean de Réomay, composée en latin par le Pere Rouyer jesuite, et publiée en mil six cens trente-sept. C’est ainsi du moins que je crois devoir traduire le nom latin de Roverius que l’auteur a pris à la tête de cet ouvrage et de plusieurs autres. Il est vrai que le pere Daniel dans la préface historique de son Histoire de France[1] l’appelle le pere Rovére ; mais le pere Ménestrier le nomme le pere Rouyer, et c’est le pere Ménestrier qui doit l’avoir le mieux connu. Or il est dit dans cette vie de saint Jean de Réomay[2]. » Ce fut aussi du vivant du Saint, que les Francs dont Clovis étoit Roi, commencerent, au mépris de l’Empire, à envahîr les Gaules, & que les armes à la main ils franchirent les bornes & les limites du territoire que les Romains y tenoient encore. »

Dès que Clovis se fut rendu maître des Etats de Syagrius, il transfera le siege de sa monarchie à Soissons, où il étoit bien plus à portée d’entretenir les liaisons qu’il avoit avec ceux des Romains de ses amis, qui demeuroient dans les provinces des Gaules occupées par les Visigots et par les Bourguignons, que s’il eût continué de faire son séjour à Tournay. Hincmar le dit dans la vie de saint Remy, et Flodoard dont le témoignage doit être ici de poids, quoiqu’il n’ait écrit que dans le dixiéme siecle, confirme la même chose dans son histoire de l’église de Reims.

  1. Histoire de France, pag. 1065.
  2. Histoire de Lyon, page 541.