Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/39

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En effet ce fut à l’occasion du séjour ordinaire que Clovis faisoit à Soissons, qu’il donna un domaine considérable à l’église de Reims, afin que l’évêque de Reims eût un domicile convenable à portée de la cour. » Avant Saint Remy, dit Hincmar, l’Eglise de Reims ne possedoir qu’une petite Métairie auprès de Soissons ; mais Clovis pour avoir plus souvent Saint Remy auprès de lui, donna à cette Eglise entr’autres biens, les mécairies de Juliacus & Codiciacus qu’elle possede encore aujourd’hui paisiblement. »

Comme Clovis avoit dès-lors de grands projets, quoiqu’il n’eût encore que des forces médiocres, on peut croire qu’il se sera conduit dans les Etats conquis sur Syagrius, d’une maniere qui pût lui faciliter de nouvelles acquisitions. Il s’y sera bien rendu maître du gouvernement, mais il aura usé du pouvoir civil et du pouvoir militaire en allié, qui ne s’en étoit saisi, que pour rétablir l’ordre dans toutes ces contrées, et pour y mettre le peuple en pleine liberté d’obéïr à l’empereur que Rome choisiroit dès que cette capitale de l’empire d’Occident seroit délivrée du joug que le tyran Odoacer lui avoit imposé par force. Tel aura été le langage de Clovis, quelqu’ait été son véritable projet.

Il ne faut donc pas être surpris que ce prince n’ait pas fait mettre son nom sur les monnoyes d’or qu’on croit qu’il fit frapper à Soissons dans le tems que cette ville étoit la capitale du royaume des Saliens. Clovis aura voulu en cela se conformer à l’usage, suivant lequel les rois barbares établis sur le territoire de l’empire ne faisoient point battre d’especes d’or à leur coin, c’est-à-dire, avec une légende contenante leur nom, et leur titre.

Nous verrons dans la suite que les successeurs de Clovis ne firent fabriquer à leur coin des especes de ce métail, qu’après que Justinien leur eût cédé la pleine et entiere souveraineté des Gaules. Voici ce qu’on trouve dans le traité historique des monnoyes de France, composé par Monsieur Le Blanc, concernant trois pieces de monnoye d’or qu’on croit avoir été frappées par les ordres de Clovis I. Il est vrai qu’on n’y voit point la tête, et qu’on n’y lit point le nom de ce prince ; mais en premier lieu, on les reconnoît à leur fabrique pour avoir été faites dans le cinquiéme ou dans le sixiéme siecle. En se-