Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/382

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jectures plus satisfaisantes. On peut encore appuyer la conjecture que je hasarde, sur ce qu’il y a dans la médaille une S, laquelle coupe les lettres qui composent le nom de Maurice, et que cette lettre est la premiere du nom de Syagrius.

Il est vrai néanmoins que bien que nos rois ayent été indépendans à tous égards des empereurs d’Orient dès l’année cinq cens quarante, ils n’en ont été reconnus comme empereurs d’Occident, que deux cens cinquante ans aprés. Eghinard après avoir dit que Charlemagne ayant joint à ses titres celui d’Auguste et d’empereur, ajoute : » Ce grand Prince vit sans s’émouvoir que les Empereurs de Constantinople fissent beaucoup de bruit des nouvelles qualités qu’il se donnoit. Il vint même à bout de la répugnance qu’ils avoient à les lui donner, & il la surmonta en leur envoyant de fréquentes Ambassades, & en leur écrivant des lettres où il les traitoit toujours de freres. » Nous avons observé à l’occasion de l’entrevûe de Clovis & d’Alaric sous Amboise, qu’il étoit déja établi par l’usage au commencement du sixiéme siécle, que les Têtes Couronnées qui traitoient d’égal à égal, s’appellassent freres, quoiqu’ils ne le fussent point. Jusques à Charlemagne on n’avoir donné à nos Rois d’autre titre, comme nous l’allons dire, que celui de Roi des Francs simplement, ou tout au plus de Roi des Francs & Prince des Romains.

Ma seconde observation sera, que le royaume de France, que la monarchie, dont le fondateur a placé le trône dans Paris, a sur les contrées de sa dépendance non-seulement le droit que les autres monarchies qui composent aujourd’hui la societé des Nations, ont sur les contrées de leur obéissance, je veux dire le droit acquis par la soumission des anciens habitans, et par la prescription ; mais que cette monarchie a encore sur les contrées de sa dépendance, un droit que les autres monarchies n’ont pas sur les contrées de leur domination. Ce droit sur les provinces de son obéissance, qui est particulier à la monarchie Françoise, est la cession authentique qui lui a été faite de ces provinces par l’empire Romain, qui depuis près de six siecles les possedoit à titre de conquête. Elles ont été cédées à la monarchie Françoise par un des successeurs de Jules César et d’Au-