Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/383

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guste, par un des successeurs de Tibere que Jesus-Christ lui même reconnut pour souverain légitime de la Judée, sur laquelle cependant cet empereur n’avoit pas d’autres droits que ceux qu’il avoit sur les Gaules et sur une portion de la Germanie. La monarchie Françoise est donc de tous les Etats subsistans, le seul qui puisse se vanter de tenir ses droits immédiatement de l’ancien empire Romain. Aussi les auteurs les plus intelligens dans les droits de nos rois, et dans nos annales ont-ils dit que ces princes étoient les successeurs des empereurs, et que c’étoit l’autorité impériale qu’ils exerçoient dans leur royaume. On trouve cette proposition en termes exprès dans le discours que Monsieur Jacques-Auguste De Thou fit à l’université de Paris, lorsqu’il la réforma en qualité de commissaire du roi Henry Quatre, la premiere année du siecle dernier.

Personne n’ignore que l’empire moderne ou l’empire Romano-Germanique, comme le nomment ses jurisconsultes, n’est point, et même qu’il ne prétend en aucune maniere être la même monarchie que l’empire Romain, fondé en premier lieu par Romulus. Les chefs de l’empire d’Allemagne ne se donnent point pour successeurs des Césars, ni pour héritiers des droits d’Auguste et de Théodose Le Grand. L’erreur seroit puérile.

Tous les sçavans connoissent le traité Des limites de l’Empire d’Allemagne, qu’Hermannus Conringius, un de ses plus célebres jurisconsultes, publia en mil six cens cinquante-quatre, et qui a depuis été réimprimé plusieurs fois. Conringius dit dans cet ouvrage, qui est regardé avec une grande déférence par les compatriotes de l’auteur. » Il est évident par tout ce qui vient d’être exposé, que les droits de l’Empire Germanique sur les Provinces renfermées dans ses limites, ne lui viennent point de l’Empire Romain, dont les droits sont proscrits de puis long-tems. C’est d’une autre source qu’émanent les droits de l’Empire Germanique, & c’est à cette source qu’il faut remonter pour trouver leur origine. » Monsieur Pufendorf si connu dans la république des Lettres par son Traité du droit de la nature et des gens, et par ses histoires, écrit la même chose