Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/404

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de cette magistrature, qui, comme on le sçait, étoit annuelle, mais pendant un tems indéfini ; car il est vrai-semblable, comme nous l’avons déja insinué, qu’Anastase en conferant à Clovis le consulat pour une année, lui avoit conferé en même tems la puissance consulaire pour les tems postérieurs à cette année-là. Clovis devoit très-probablement continuer après que cette année auroit été expirée, à jouir de l’autorité consulaire, quoiqu’il ne fût plus consul. C’est ce qu’on peut inferer de la narration de Gregoire de Tours, dans laquelle on lit, qu’on s’adressoit à Clovis, après qu’il eut été revêtu de cette dignité, comme on s’adressoit au consul, comme on s’adressoit à l’empereur. En effet, ces derniers mots paroissent se rapporter aux tems posterieurs à l’année du consulat de Clovis, après laquelle on ne se sera plus adressé à lui comme au consul, mais comme à celui qui exerçoit toujours l’autorité impériale. Dans cette supposition, Anastase n’aura fait pour Clovis qu’une chose à peu près semblable à celle que l’empereur Arcadius avoit faite pour Eutrope, qui après avoir été consul en l’année trois cens quatre-vingt dix-neuf, et après être sorti de charge en l’année quatre cens, puisque Stilicon et Aurelianus, se trouvent inscrits sur les Fastes consulaires de cette derniere année, conserva encore long-tems le pouvoir consulaire. Zosime ne dit-il pas positivement : que le consulat d’Eutrope étant expiré, on ne laissa point de s’adresser toujours à lui, comme à un consul, et qu’il fut dans la suite revêtu de la dignité de patrice. Si mon opinion ne justifie point quelques auteurs d’avoir supposé, que Clovis n’eût point été consul, du moins elle les justifiera d’avoir écrit que Clovis avoit été patrice.

Il semble que ce pouvoir confié à Clovis personnellement, ne dût point être hereditaire. J’en tombe d’accord. Mais il se peut faire que le diplome de l’empereur Anastase n’eût point nommé Clovis personnellement consul, et qu’attendu l’état où étoient les Gaules en cinq cens neuf, il eût conferé cette dignité au roi des Francs Saliens absolument, et quel qu’il fût. Il se peut faire qu’Anastase eût uni le pouvoir consulaire sur les Gaules à la couronne des Francs, ainsi que l’empereur Gallien avoit uni l’administration d’une portion de l’Asie à la couronne des Palmireniens. Du moins est-on porté à croire, qu’il s’étoit fait