Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/405

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dès-lors quelque chose d’approchant, quand on observe qu’après la mort d’Odénat roi des Palmireniens, à qui Gallien avoit conferé ce pouvoir, Ermias Vabalatus fils d’Odénat s’en mit en possession, et même que Zenobie femme d’Odénat et mere de Vabalatus, l’exerça durant le bas âge de son fils.

Dans la supposition que nous hazardons ici, concernant le contenu au diplome, par lequel le consulat fut conferé à Clovis, les enfans de ce prince auroient eu droit de succeder au pouvoir consulaire, parce qu’ils avoient droit de succeder à la couronne de leur pere. C’est ainsi que les princes qui ont droit de succeder à l’électorat de Baviere, ont droit de succeder en même tems à la dignité de Grand maître de l’empire, attachée à cet électorat. Il en est de même des princes appellés aux autres électorats par rapport aux grandes charges de l’empire, réunies aux bonnets de ces principautés.

Quoi qu’il ait été statué dans le diplome de l’empereur Anastase, la question à laquelle il aura pû donner lieu, fut pleinement décidée par la cession des Gaules, que Justinien fit aux rois des Francs. Après la cession dont je viens de parler, les Romains de cette grande province devinrent pleinement sujets de nos rois, et le droit de souveraineté sur ces Romains fut totalement réuni à la couronne des Francs, et la portion du diadême imperial à laquelle les Gaules étoient, pour parler ainsi, annexées, furent joints indissolublement. Il en fut de même du droit de souveraineté sur les Bourguignons et sur les Turingiens, dès que les enfans de Clovis eurent subjugué ces nations. Je reviens à Clovis.

Si l’on pouvoit douter que ce prince et ses prédecesseurs eussent été des rois héreditaires, on ne sçauroit douter du moins que ses successeurs ne l’ayent été. Il est évident par l’histoire, que ces princes monterent sur le trône par voye de succession, et non point par voye d’élection.

En premier lieu, Gregoire de Tours ne fait aucune mention d’élection dans les endroits de son ouvrage, où il parle de vingt mutations de souverains des Francs, arrivées dans les tems dont il écrit l’histoire. Combien de fois cependant, auroit-il eu occasion de parler des assemblées tenues pour l’élection d’un roi, si l’on en avoit tenu à chaque mutation de souverain ? Nos assemblées se seroient-elles passées si tranquillement, qu’elles n’eussent jamais fourni aucun de ces évenemens, tels qu’un historien sous les yeux de qui ils sont arri-