Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/42

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vre de l’histoire de notre auteur, lesquels renferment la vie de Childéric. Mais Gregoire de Tours a prétendu seulement rappeller dans la narration succinte dont il est ici question, le souvenir de tout ce que Clovis avoit fait depuis son avenement au thrône jusques à son mariage avec sainte Clotilde.

Les sieges, en un mot, tous les exploits que Clovis avoit faits durant les cinq ou six années écoulées depuis quatre cens quatre-vingt-six et quatre cens quatre-vingt-treize avoient été décrits par des auteurs dont nous n’avons plus les ouvrages ? Quelle lacune leur perte ne laisse-t’elle pas dans nos annales. Tâchons cependant de suppléer en quelque sorte, à la brieveté de Gregoire de Tours en ramassant dans les autres écrivains de quoi éclaircir le peu qu’il dit. Dans la suite nous tenterons de trouver dans ces mêmes auteurs quelque lumiere concernant les évenemens, dont il ne fait aucune mention.

Je me contenterai donc ici de remarquer qu’aucune acquisition n’étoit pour lors autant à la bienséance de Clovis, que celle de la Turingie Gauloise, ou de la cité de Tongres. Nous avons déja montré, et ce que nous allons rapporter, en sera une nouvelle preuve, que Procope[1] et Gregoire de Tours avoient donné le nom de Turingie à la cité de Tongres, et nous avons même rendu compte des raisons qui pouvoient les avoir engagés à en user ainsi. Or l’acquisition de la cité de Tongres dont le territoire a confiné avec le territoire ou le diocèse de Tournay jusques dans le seiziéme siecle que se fit l’érection du siége archiépiscopal de Malines, et celle de plusieurs autres évéchés des Pays-Bas, arondissoit les Etats de Clovis, et lui ouvroit une communication de plein-pied avec les Ripuaires établis entre le bas-Rhin et la basse-Meuse, et qui avoient pour roi Sigebert son allié. Sur qui Clovis fit-il la conquête de la cité de Tongres ? Fut-ce en obligeant le sénat de Tongres, qui s’étoit maintenu dans l’indépendance depuis que l’anarchie avoit lieu dans les Gaules, à se soumettre à lui ? Fut-ce en conquérant ce pays-là sur quelqu’essain de Francs qui s’y étoit cantonné précedemment ? Y fut-il appellé par les Francs, qui depuis long-tems y avoient des quartiers, et qui jusqu’à l’anarchie avoient été sujets de l’empire ? Les monumens qui nous restent, ne nous l’apprennent pas.

J’observerai en second lieu que le peu que Grégoire de Tours nous dit concernant cette conquête de Clovis, ne laisse point d’être une nouvelle preuve que cet auteur et Procope ont parlé

  1. Liv. 2. ch. 7.