Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/447

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d’entrer de leur chef dans les assemblées représentatives de la nation, où ils forment, sous le nom de Hhambre des Pairs ou de Chambre Haute, un college, un sénat particulier. C’est si bien à la possession de leur dignité, érigée en premier lieu par le roi, que les droits des lords sont attachés, que leurs freres, issus du même sang, ne jouissent point en vertu de leur naissance d’aucune prérogative qui ne leur soit pas commune avec tous les autres citoyens. Si ces freres entrent dans l’assemblée représentative de la nation, c’est seulement dans la Chambre Basse, et comme députés élus volontairement par leurs concitoyens. Les freres des lords, quelque titre que la courtoisie leur fasse donner dans le monde, n’ont aucun privilege dans leurs procés civils ou criminels, et les Anglois ne les comprennent pas sous le nom de noblesse. On ne comprend en Angleterre sous le nom de Nobilti, que les seigneurs. En un mot, le frere du premier pair ou du premier baron d’Angleterre, n’est que du second ordre, en vertu de sa filiation. Il y a plus ; le sujet, fils aîné d’un pair, et qui est appellé au titre de son pere, n’est que du second ordre, tant que son pere vit ; et si pour lors il entre dans le parlement, il n’y entre qu’en qualité de député, élu par ses concitoyens, pour servir dans la Chambre des Communes.

Quoique j’aye été un peu long à traiter la question ; si dans les premiers tems de notre monarchie, la nation des Francs étoit divisée ou non en plusieurs ordres, j’espere que le lecteur ne me reprochera point d’avoir été prolixe hors de propos. Comme je l’ai déja dit dans le discours que j’ai mis à tête de cet ouvrage, il est impossible de bien expliquer le droit public, en usage sous les rois de la troisiéme race : le droit public qui eut lieu dès que les nations differentes qui habitoient les Gaules eurent été confonduës, et n’en firent plus qu’une, si l’on n’a pas bien éclairci auparavant le droit public, en usage sous les rois des deux premieres races ; et le point que je viens de traiter, est un des plus importans dans tout droit public.