Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/45

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cens quatre-vingt-neuf à Théodoric l’importante commission d’aller mettre à la raison les troupes auxiliaires qui s’étoient cantonnées en Italie, et qui composoient l’armée d’Odoacer.

Théodoric un des rois des Gots, étoit de la maison des Amales, la plus illustre qui fût dans cette nation. S’il avoit beaucoup de valeur et d’expérience, il avoit encore plus d’ambition. Elevé parmi les Romains il avoit cultivé son esprit de bonne heure, et avec tant de fruit, qu’il étoit le moins barbare de tous les barbares dont parle l’histoire de son tems. S’il n’eût point été arien, on l’auroit cru un Romain travesti en Got. La tribu des Ostrogots, dont il étoit le chef, et suivant la maniere de parler du cinquiéme siécle, le roi se trouvoit, lorsqu’il commença de regner, engagée au service de l’empire d’Orient, qui lui avoit donné des quartiers permanens dans la Thrace. Théodoric qui se sentoit tous les talens nécessaires pour faire une grande fortune parmi les Romains, s’attacha donc à eux encore plus étroitement que les autres chefs des troupes auxiliaires, et il mérita que l’empereur Zénon l’adoptât pour son fils, et qu’il le fist consul ordinaire en l’année quatre cens quatre-vingt-quatre. C’étoit la plus grande dignité que Zénon lui pût conferer.

Théodoric toujours peu content de la fortune qu’il avoit faite, aspiroit sans cesse à une plus grande. Ce fut ce qui lui avoit fait tirer l’épée contre son bienfaiteur. La brouillerie aïant été terminée par un accommodement, il dit à l’empereur Zénon : pourquoi laisser gémir plus longtems sous la tyrannie d’Odoacer l’empire d’Occident, dont vos prédecesseurs ont pris toujours tant de soin, et qu’ils ont si souvent gouverné ? Pourquoi laisser la ville de Rome, cette capitale de l’univers, au pouvoir d’une troupe de brigands ? Envoyez-moi donc en Italie à la tête de ma nation ? Je ne vous