Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/453

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dans lesquelles ce prince n’en avoit pas mis.

La Loi Salique, la Loi Ripuaire, et les capitulaires font souvent mention des Ratchimbourgs, et ils en parlent comme de magistrats, qui avoient beaucoup de part à l’administration de la justice ; mais comme on voit que ces Ratchimbourgs étoient les mêmes que les Scabini ou échevins, et comme il est constant par les capitulaires, que les échevins étoient des officiers choisis par tout le peuple d’un district, pour rendre la justice à tous les citoyens de quelque nation qu’ils fussent, suivant la loi de chacun d’eux ; je ne les mettrai point au nombre des officiers particuliers à la nation des Francs. Les Francs exerçoient bien ces emplois municipaux, ainsi que les autres barbares, et ainsi que les Romains mêmes, mais ce n’étoit point par la vocation des Francs seuls, c’étoit par celle de tout le peuple de la cité où ils étoient domiciliés.

Les Francs avoient deux assemblées, le Champ de Mars, et le Mallus ou Mallum. Sous le regne de Clovis, et sous celui de ses prédécesseurs, le Champ de Mmars étoit une assemblée annuelle et générale des Francs de la même tribu, qui obéissoient au même roi par consequent, et dans laquelle ils prenoient sous la direction de leur prince, toutes les résolutions qu’il convenoit de prendre pour le bien général de la tribu. Cette assemblée s’appelloit le Champ de Mars, parce qu’elle se tenoit dans le mois de mars. Comme la saison pour entrer en campagne arrive peu de tems après, l’ardeur que les Francs emportoient du Champ de Mars, n’avoit point le tems de se réfroidir. Cependant les Francs ne laissoient point d’avoir encore après la tenue de cette assemblée le loisir de préparer leurs armes, et d’amasser les vivres nécessaires à leur subsistance. Chaque soldat comme chaque officier, étoit alors obligé de pourvoir à la sienne quand il étoit à l’armée. Voilà ce qu’étoit le Champ de Mars, avant que Clovis eût réuni toutes les tribus des Francs sous son gouvernement, et qu’il les eût établies dans les Gaules.

Lorsque tous les Francs furent devenus sujets de Clovis, et qu’ils eurent été dispersés dans cette vaste contrée, on voit bien qu’il n’étoit plus possible de les assembler chaque année, et de déliberer sur les affaires importantes dans un conseil si nombreux. L’ancien Champ de Mars fut donc aboli sous les successeurs de ce prince. Pour m’exprimer suivant nos usages, les affaires de justice, police et finance se décidoient dans le Ca-