Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/477

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des Bourguignons des Allemands, et des citoyens des autres nations ; il est dit dans le titre trente-uniéme de cette loi, lequel nous avons déja cité. » Les Francs, les Bourguignons, les Allemands, & les Sujets d’autres Nations, qui demcureront dans le pays des Ripuaires, seront cités suivant la Loi de la Nation dont ils se trouveront être Citoyens, & jugés conformément à cette Loi. » Il y est dit encore, que les Ripuaires qui auroient tué un Allemand habitué dans leur pays, seroient condamnés à une peine pécuniaire de cent soixante sols d’or. Ainsi comme on l’a observé déja, le Bourguignon pouvoit sans cesser d’être Bourguignon, s’habituer dans le pays où étoit le domicile ou les quartiers des Ripuaires, ou des Allemands ; et il en étoit ainsi des autres nations. Le fils d’un Franc établi dans le pays des Bourguignons, c’est-à-dire, dans le pays où étoient les quartiers de cette nation, et par conséquent les fonds de terre affectés à la subsistance de ceux qui la composoient, demeuroit nonobstant son nouveau domicile de la nation des Francs, et il en étoit réputé citoyen, de même que s’il fût né dans la cité de Tournai. Comme nous l’avons observé déja, il en étoit alors des Francs et des autres Barbares, comme il en étoit des citoyens Romains, qui étoient tous de la nation Romaine, soit qu’ils fussent nés en Egypte, soit qu’ils fussent nés dans la Germanie. Enfin il en étoit des Barbares dont je parle, comme il en est aujourd’hui des Turcs. Que de deux Turcs freres, l’un s’établisse dans la Bosnie, et l’autre dans la Palestine, leurs enfans seront également de la nation des Turcs. Je vais le répeter encore : dans le sixiéme siecle et dans les siecles suivans, ce n’étoit pas le lieu de la naissance qui décidoit comme il le décide communément aujourd’hui dans la chrétienté, de quelle nation étoit un homme. C’étoit le sang dont il sortoit, c’étoit sa filiation qui décidoit de quelle nation il devoit être.

Nous ne parlerons point des Visigots, parce qu’il ne paroît point clairement qu’aucun essain de ce peuple se soit soumis à nos rois de la premiere race, et qu’il ait, ainsi que les Allemands et les Bourguignons, pris le parti de continuer à vivre dans les quartiers qu’il avoit sur le territoire des Gaules, lorsque les contrées où étoient ces quartiers, passerent sous la do-