Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/479

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établir, il y pourra vivre sous la protection des Loix.

Aussi observe-t’on que la loi nationale des visigots, n’est point contenue dans la loi Mondaine, ou dans le recueil des loix nationales, suivant lesquelles tous les sujets de la monarchie étoient gouvernés sous nos rois des deux premieres races. Un des plus anciens exemplaires de la loi Mondaine ou du recueil de toutes ces loix, est un manuscrit de la bibliotheque de l’église cathédrale de Beauvais, copié dès le neuviéme siécle, et qui est en quelque maniere le premier tome d’un autre volume, transcrit dans le même tems, et qui contient les capitulaires. Monsieur Baluze auroit pû dire du premier de ces deux volumes, ce qu’il dit du second, que le chapitre de Beauvais voulut bien à la sollicitation de Monsieur Hermant, l’un de ses plus illustres chanoines, prêter à ce sçavant éditeur dans le tems qu’il travailloit à donner les capitulaires de nos rois. « Que c’est un manuscrit excellent et le meilleur en son genre que l’on connoisse. » Pour revenir à celui de nos deux volumes qui renferme la Loi Mondaine, il contient seulement le code du droit Romain publié par Alaric II roi des Visigots, la Loi Salique, celle des Allemands, celle des Bavarois et celle des Ripuaires. Si dans les Aquitaines et les autres provinces des Gaules, dont Clovis et ses enfans firent la conquête sur les Visigots, il fût resté un nombre de Visigots qui eussent continué à y vivre suivant leur loi nationale rédigée par écrit, cette loi feroit partie du recueil dont j’ai parlé, et qui a été fait sous le regne des rois Carliens. Mais elle n’y a point été inserée, parce qu’il étoit inutile de l’y faire entrer, d’autant qu’elle ne régissoit qu’un très-petit nombre de sujets de la monarchie, et devenus tels encore, depuis peu.

Cette preuve négative ne conclut rien, me dira-t’on. La loi des Bourguignons, bien qu’elle ne se trouve point dans votre recueil, ne laisse point d’avoir été en vigueur dans la monarchie. J’en tombe d’accord, mais cela prouve seulement ce qui est vrai, c’est que la Loi Gombette avoit été abrogée avant que le recueil dont il est question fût transcrit. Ainsi comme nous ne sçavons pas que la loi des Visigots ait été jamais expressément abrogée par aucun de nos rois, nous pouvons conclure de ce