Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/487

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vaincre lui-même en lisant les faits qui seront rapportés dans la suite, qu’il est absolument faux que nos rois ayent jamais réduit les Romains des Gaules dans une espece d’esclavage, et qu’il est vrai au contraire, que ces princes ne changerent rien à la condition des sujets, et qu’ils changerent très-peu de choses à la forme du gouvernement qui avoit eu lieu dans cette grande province de la monarchie Romaine, sous les derniers empereurs.

En premier lieu, on remarquera que, comme on l’a déjà vû dans le premier chapitre de ce sixiéme livre, nos rois de la seconde race prêtoient à leur avénement à la couronne un serment à tous leurs sujets, par lequel ils promettoient de conserver à chaque nation, sa loi, ses usages et ses libertés. On voit d’un autre côté par un grand nombre de passages des capitulaires rapportés dans cet ouvrage, que plusieurs de ces sujets vivoient suivant la loi Romaine ; elle étoit donc une des loix dont ces monarques avoient promis l’observation. Or un prince ne prête pas serment aux esclaves de ses sujets. Il ne le prête qu’à des citoyens de condition libre. Il n’y a point lieu de douter, attendu la ressemblance qui a été entre le gouvernement du roïaume, sous la premiere race et sous la seconde race, que l’usage de ce serment d’inauguration, n’ait été en usage dès la premiere. Mais il y a plus, comme je l’ai déja observé. Gregoire de Tours, dit positivement : que lorsque le roi Charibert petit-fils de Clovis, prit possession de la Touraine, ce prince reçut le serment de fidélité des Tourangeaux, et qu’il leur en fit un aussi de son côté, par lequel il promettoit de leur conserver leur loi, et de les laisser jouir de leurs franchises, et exemptions. Il paroît même en lisant la suite de ce passage de Gregoire de Tours, que nous rapporterons dans le quatorziéme chapitre de ce livre, que ce ne fut point à une des nations Barbares établies en Touraine, mais à tout le peuple du pays, que Charibert prêta le serment dont il y est parlé.

J’observerai en second lieu, que Clovis, comme on l’aura remarqué, n’a rien conquis dans les Gaules sur les Romains, en subjuguant par force les anciens habitans du pays, si ce n’est peut-être la cité de Tongres, celle de Soissons, et le peu de païs que Syagrius pouvoit tenir dans le voisinage de la derniere. Nous