Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/50

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été convenu que son rival se tiendroit. Le roi des Ostrogots y fit querelle de nouveau à Odoacer, qu’il accusa, soit à tort, soit avec raison, d’avoir tramé une conspiration contre lui, et il le fit mourir.

Cette mort dut faire poser les armes à tous les barbares du parti d’Odoacer. Aussi ne voit-on pas que Théodoric ait trouvé dans la suite aucune opposition, de leur part, à l’établissement de son autorité. Nous verrons que celles qu’il essuya, vinrent d’ailleurs. Il y avoit déja trois ans, dit Jornandès, que Théodoric se trouvoit en Italie, où il étoit entré en vertu d’un décret de l’empereur Zénon, lorsqu’il vint à bout de se défaire enfin d’Odoacer. Aussi-tôt après la mort de ce prince, ajoûte notre historien, Théodoric quitta le vêtement qu’il portoit comme Patrice, et il reprit avec l’habit ordinaire de sa nation, les marques de la royauté, comme pour donner à entendre qu’il vouloit regner sur les Romains, ainsi qu’il regnoit sur les Ostrogots, c’est-à-dire, gouverner les Romains en qualité de roi. On verra dans la suite de cet ouvrage plus en détail quelle fut la conduite de Théodoric, ainsi que sa broüillerie, et son racommodement avec l’empereur d’Orient. Ici nous nous contenterons de faire quelques réflexions sur l’effet que la nouvelle de la cession faite par l’empereur Zénon au roi des Ostrogots, et celle des heureux succès de ce dernier, durent produire dans les Gaules.

Cette cession y aura découragé la plûpart de ceux qui se flattoient encore de voir le partage d’Occident rétabli dans son ancienne splendeur, et gouverné par un empereur Romain de nation. Ils auront renoncé à cette esperance, jusques-là leur unique consolation, quand ils auront vû l’empereur d’Orient renoncer lui-même en faveur d’un peuple barbare aux droits qu’il avoit encore sur le partage d’Occident. Les progrès de Théodoric, et la fin heureuse de son entreprise auront fait faire de nouvelles réflexions à ceux des Romains des Gaules qui étoient encore libres. Le roi des Ostrogots, se seront-ils dit, et le roi des Visigots sont de la même nation, et de la même secte. Dès que Théodoric sera paisible possesseur de l’Italie, il aidera sans doute Alaric à faire valoir les droits de