Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/505

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condition & de la fortune. On prétend qu’il avoit été Esclave du Senateur Felix, & qu’ayant été pour lors destiné à servir dans les emplois domestiques, on l’avoir fait élever auprès de son Maître encore enfant, & qu’on l’avoit fait étudier avec lui. Quoiqu’il en soit, Andarchius avoit bien profité de l’éducation qu’on lui avoit donnée. Il avoit une profonde connoissance de la science des nombres. Il sçavoit les Poëtes, & il entendoit très-bien tous les Livres du Code Théodosien. »

Monsieur Baluze rapporte encore une ancienne formule dressée sous nos rois, comme on le voit parce qu’il y est fait mention du Mallum, et la personne qui parle dans cette formule y dit, pour énoncer qu’elle entend agir suivant le droit Romain, qu’elle entend agir conformément à celles des sanctions de la loi Mondaine qui composent le corps du code Theodosien.

Est-il arrivé dans la suite que le code d’Alaric ait été comme plus commode, par bien des raisons, substitué dans quelques provinces situées à la droite de la Loire, au code Theodosien ? Est-ce pour cela que le code d’Alaric se trouve compris au nombre des differens codes dont la loi Mondaine étoit composée, et cela dans des exemplaires de la loi Mondaine écrits sous la seconde race, et à ce qu’il paroît, destinés à l’usage de cités qui ne furent jamais sous la domination des Visigots ? Que d’autres le décident ! Peut-être le code d’Alaric tenoit-il lieu d’une interprétation propre à servir de glose au code Theodosien en quelques occasions.

La premiere réflexion qu’on puisse faire après avoir lû, et même en lisant ce que nous venons d’écrire, concernant la condition des sujets dans le royaume des Francs, c’est de penser que sa premiere conformation étoit très-vicieuse. La diversité des codes, suivant lesquels il falloit rendre la justice, en devoit bien embarasser et retarder l’administration. J’en tombe d’accord, et je crois même que cette multiplicité de codes étoit encore un plus grand fleau pour la societé, que ne l’est aujourd’hui la diversité des coutumes, qui ont force de loi dans plusieurs provinces du royaume de France. On ne sera point surpris de cet aveu, puisque j’ai fait profession par-tout de n’être point du nombre des auteurs qui se préviennent tellement en faveur de