Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/542

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session dès ce tems-là, que parce que sous la premiere et sous la seconde race, elles avoient toujours continué d’être gouvernées par un senat, qui s’étoit apparemment chargé des fonctions dont les curies étoient tenues sous les derniers empereurs.

Je conclus donc que toutes les villes dont je viens de parler, tenoient le droit d’avoir un senat et une justice municipale, des empereurs mêmes, et que plus puissantes ou plus heureuses que bien d’autres, elles avoient sçû s’y maintenir dans le tems où la plus grande partie du royaume devint la proye des officiers du prince. Comme ces capitales étoient le lieu de la résidence de l’évêque et des senateurs, elles auront eu toutes, des moyens de se deffendre contre les usurpateurs, qu’une petite ville n’avoit point, et quelques-unes d’elles se seront servies de ces moyens avec succès. Les unes se seront maintenues dans tous leurs droits contre le comte. Les autres lui auront abandonné le plat pays, à condition qu’elles conserveroient néanmoins leur autorité sur la portion de leur territoire voisine de leurs murailles qui depuis aura été appellée la banlieue.

En effet, on remarque, comme il vient d’être dit, que presque toutes les villes qu’on trouve en possession des droits de commune dans le douziéme siecle sans qu’il paroisse que veritablement elles ayent jamais été érigées en commune par aucun des rois de la troisiéme race, avoient été sous les empereurs Romains, ou du moins dès le tems des rois Mérovingiens, des villes capitales d’une cité. Entrons dans quelque détail.

Le comte de Flandre, un des anciens pairs du royaume, a toujours été l’un des plus puissans vassaux de la couronne de France, même dans le tems où il ne tenoit encore d’autre grand fief que ce comté. Cependant son autorité n’étoit point reconnue dans le territoire ni dans la ville de Tournai, qui du tems des empereurs étoit la capitale du pays des Nerviens et l’une des cités de la Seconde Belgique. Tournai s’est même maintenu dans la sujetion immédiate à la couronne, dans ses autres droits et dans l’indépendance du comté de Flandre en des tems que ce grand fief étoit tenu par des ducs de Bourgogne et par des rois d’Espagne. Ce ne fut qu’en mil cinq cens vingt-neuf que Tournai devint ville domaniale du comté de Flandre, et cela en vertu de la cession que François I. en fit à l’empereur Charles-Quint comte de Flandre, par l’article neuviéme du traité de Cambray.

Tout le monde sçait qu’Arras est aujourd’hui composé de