Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/545

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navant s’entremettre de la connoissance civile des instances entre les Parties, laquelle leur avons interdite & défendue. »

Depuis le regne de Louis XII jusqu’en mil cinq cens soixante et six, le nombre des juges royaux gradués, s’étoit accru excessivement en France, soit par la multiplication des officiers dans les anciens tribunaux, soit par la création des sieges présidiaux dans chaque bailliage, soit par l’érection des nouveaux bailliages. Mais quel qu’ait été le véritable motif de la disposition contenue dans l’édit de Moulins et de laquelle il s’agit ici, il suffira de dire que cet édit n’a été mis pleinement en exécution qu’avec le tems.

Il est vrai cependant, que non seulement il a eu son effet[1], mais qu’il est encore arrivé que les successeurs de monsieur le Chancelier de l’Hôpital qui en avoit été le promoteur, ont dépouillé presque toutes les villes de leur justice en matiere criminelle, et en matiere de police, mais cela n’est point de notre sujet. Voyons comment quelques villes qui avoient été capitales de cité du tems des Romains se défendirent, lorsqu’en vertu de l’édit de Moulins, elles furent troublées dans le droit d’avoir une justice municipale qui connoissoit des contestations et des délits de leurs habitans.

Dans cette occasion, et même toutes les fois que la ville de Reims capitale d’une des plus illustres cités de la Gaule, a été troublée dans l’exercice de sa jurisdiction municipale, elle a mis en fait, qu’elle étoit en possession dès le tems des empereurs Romains, et qu’elle y avoit toujours été depuis. Voici ce qu’on trouve à ce sujet dans un Discours sur l’antiquité de l’échevinage de la ville de Reims, et des justes raisons qui ont mû les échevins à maintenir ses droits et sa jurisdiction. Nicolas Bergier si célébre dans la Republique des Lettres par son Histoire des grands chemins de l’empire Romain, et l’auteur de ce discours, y dit après avoir allegué, que même avant la conquête des Gaules par Jules Cesar, la ville de Reims étoit déja gouvernée par un senat. » Or la forme de cet ancien gouvernement est demeurée entiere à la Ville de Reims jusqu’aux tems que l’Etat des Romains étant dissipé, elle a reçu la gloire d’être soumise à l’Empire & domination de nos Rois, sous le regne desquels ce gouvernement a changé de nom & non de forme, ayant été appellé Echevinage, nom qui se trouve plus d’une fois dans les Capitulaires de Charlemagne. »

Ce sçavant homme rapporte ensuite plusieurs preuves convain-

  1. Voyez les nottab. & observ. de Louis Revin. pag. 951.