Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/563

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portion, sors. Ce nom cependant, comme on le verra plus bas, étoit le nom que communément ceux des Barbares qui s’étoient approprié une partie des terres de l’habitant Romain, donnoient à la portion de ces terres que chaque Barbare avoit euë pour son partage.

Nous avons avancé en second lieu, que les monumens litteraires de nos antiquités, ne disoient rien d’où l’on pût induire que les Francs, lorsqu’ils s’établirent dans les Gaules, s’y fussent approprié aucune partie des terres possedées par les particuliers anciens habitans du pays, par les Romains. En effet, il n’est rien dit dans les historiens du tems, il n’est rien dit dans la loi Salique, dans la loi Ripuaire, ni dans les capitulaires, qui suppose que les Francs eussent commis une pareille injustice. Si jamais elle avoit été faite, il y auroit eu dans les historiens, il y auroit eu dans les trois codes que je viens de citer, plusieurs sanctions ou plusieurs faits rélatifs à cette appropriation, de la moitié ou des deux tiers des terres aux Francs, ainsi et de même que comme nous l’allons voir, il y a, soit dans les historiens, soit dans la loi des Bourguignons, dans les loix de Theodoric et dans la loy des Visigots, plusieurs faits, plusieurs articles relatifs à la moitié, et aux deux tiers de terres des Romains que les Bourguignons, les Ostrogots et les Visigots s’étoient appropriés.

Grégoire de Tours qui auroit eu cent et cent fois occasion de parler de la spoliation des Romains, ne dit rien dont on puisse inferer qu’elle ait jamais eu lieu. Ici son silence prouve quelque chose. Ici enfin on n’en trouve aucun vestige chez les auteurs qui ont écrit dans le tems des deux premieres races, et qui compris les agiographes qui auroient eu à parler, aussi-bien que les historiens profanes de la spoliation des Romains des Gaules faite par les Francs, se trouvent être en un assez grand nombre. On peut donc conclure de ce qu’ils ne disent point que les Francs ayent dépouillé les Romains des Gaules d’une partie de leurs biens-fonds, que les Francs n’ont jamais commis cette violence-là. On peut le conclure avec d’autant plus de confiance, que tous ces écrivains ont été très-soigneux à nous informer de la conduite de celles des nations barbares, qui après s’être établies sur le territoire de l’empire Romain, s’approprierent dans les pays où ils se cantonnerent, une partie des terres appartenantes en propre aux anciens habitans.

Si les Vandales se sont approprié en Afrique une partie des