Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/57

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de en mariage à Clovis. Ce mariage, répondit Aridius, loin d’être le sceau d’une aliance durable, doit être la source de bien des guerres et de bien des malheurs. Vous deviez, seigneur, lorsqu’on vous l’a proposé, vous souvenir, que vous avez fait tuer Chilpéric pere de Clotilde, et votre frere, que vous avez fait jetter dans un puits une pierre au col la mere de cette princesse, et que vous avez fait le même traitement à ses deux freres, après qu’ils eurent eu la tête coupée par votre ordre. Clotilde est d’un caractere à venger cruellement ses parens, si jamais elle est en pouvoir de les venger. Envoyez incessamment un bon corps de cavalerie après elle, et qu’il la ramene ici. Il vaut mieux encore essuyer la bourasque que vous attirera cette espece de violence, que de laisser achever un mariage qui rendra les Francs vos ennemis, et les ennemis de vos descendans. Gondebaud crut son ministre, mais les troupes qu’il fit partir sur le champ ne purent pas atteindre Clotilde qui avoit pris les devans. Elles atteignirent seulement la voiture de cette princesse, et les chariots qui portoient son bagage dont elles s’emparerent. Quand Clotilde se vit sur la frontiere de la Bourgogne, elle pria ceux qui la conduisoient d’y faire le dégat, ce qu’ils voulurent bien avoir la complaisance d’exécuter, après en avoir eu la permission de Clovis qui étoit alors à Villers ou à Villori. C’étoit dans un de ces lieux qui sont tous les deux du territoire de la cité de Troyes qu’il attendoit cette princesse. Elle plut beaucoup au roi des Saliens, et après l’avoir épousée, il lui assigna un revenu considérable, et il l’aima tendrement tant qu’il vécut. Voyons présentement ce que dit l’auteur des Gestes des Francs, touchant le mariage dont il s’agit.

Sur le rapport avantageux que les ministres envoyés en Bourgogne dans plusieurs occasions par Clovis, lui firent de la beauté, de la sagesse, et de toutes les bonnes qualités de Clotilde, il y dépêcha Aurelien pour négocier le mariage de cette princesse, et pour la demander en forme, lorsqu’il en seroit tems,