Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/58

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au roi Gondebaud. C’étoit l’oncle de Clotilde. Comme elle étoit catholique, elle ne manquoit point d’aller le dimanche à l’église. Aurelien qui vouloit commencer à exécuter sa commission par s’assurer du consentement de la princesse, se déguisa en pauvre un dimanche, et il se mit parmi les mendians qui se trouvoient à la porte de la cathédrale. Quand la messe fut dite, Clotilde en sortant de l’église, donna l’aumône à ces pauvres suivant sa coutume, et elle jetta un sol d’or à Aurelien, qui tendoit la main comme les autres. Aurelien en baisant par reconnoissance la main de sa bienfaictrice, lui tira la robe avec affectation, et d’une maniere à faire comprendre qu’il avoit quelque chose de fort important à lui communiquer. Elle envoya donc aussi-tôt qu’elle fut rentrée dans son appartement, chercher par un de ses domestiques, le pauvre qui vouloit lui parler en particulier. Aurelien fut introduit dans l’appartement de cette princesse, et après avoir mis derriere la premiere porte la besace qu’il portoit, et dans laquelle étoient les joyaux qu’il devoit donner pour présens de nôces, il cacha dans le creux de sa main l’anneau de Clovis, qui étoit le garant de sa commission. Dès qu’il fut entré dans la chambre où étoit Clotilde, elle lui dit : jeune homme, que je crois plûtôt une personne de considération déguisée en mendiant, qu’un véritable pauvre, pourquoi vous êtes-vous travesti, et pourquoi m’avez-vous tantôt tiré la robe avec affectation ? Puis-je compter, répondit Aurelien, que je vous parle sans que personne m’écoute. Clotilde l’ayant assuré que personne qu’elle ne pouvoit l’entendre, il lui dit : mon maître, le roi Clovis veut en vous épousant partager son thrône avec vous. Son anneau que voici doit vous persuader que c’est véritablement par son ordre que je vous parle, et je vais encore pour vous convaincre mieux que c’est lui qui m’envoye, vous présenter de sa part les joyaux qu’il vous donne pour présent de nôces. Il fut aussi-tôt chercher sa besace où il l’avoit laissée ; mais ce qui l’étonna beaucoup, il ne l’y trouva plus. Clotilde entra dans sa peine dès qu’elle en fut informée, et sur le champ elle donna de si bons ordres, qu’un moment après la besace fut rapportée. On y trouva dès qu’elle eut été ouverte, les pierreries que Clovis envoyoit à la princesse, qui voulut bien les recevoir, et qui accepta même l’anneau de ce prince. Sa réponse fut néanmoins : » Saluez