Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/583

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son fils, on ne nous a rien demandé à titre du Tribut public. Nous n’avons pas eu sujet de nous plaindre. Vous êtes aujourd’hui les dépositaires de l’autorité Royale, dis-je en apostrophant les Commissaires, & comme tels, vous avez le pouvoir d’établir ici le subside ordinaire, ou de nous laisser jouir de notre immunité : Mais songez combien l’injustice que vous commettriez, en allant contre la teneur du serment du Prince qui vous employe, seroit criante. Quand j’eus cessé de parler, les Commissaires répondirent en me montrant les registres qu’ils tenoient à la main : Voyez ces rôles ; Les Habitans de la Touraine n’y sont-ils pas employés au nombre de ceux qui doivent le Tribut public ? & n’y sont-ils pas cottisés comme tels ? Ces cahiers, repartis-je, ne viennent pas du Tresor Royal des Chartres, & jamais ils ne furent mis à exécution. Il est bien vrai que les cahiers originaux, où mon Diocèse étoit cottisé, furent envoyés au Roi Clotaire, dans le tems qu’il fit faire la Description, mais ce Prince les fit jetter au feu, sans vouloir qu’on s’en servît. Charibert a traité de même la copie que Gaiso lui en donna. Les rôles que vous representez ne font donc qu’une seconde copie conservée à mauvaise intention par quelque méchant Citoyen qui vous l’a livrée, & que Dieu punira de la perversité de son cœur. Dans le tems même de notre conférence, le fils d’Audinus, celui-là même qui avoit mis entre les mains des Commissaires cette seconde copie dont je parle, fut attaqué d’une fievre si violente, qu’il mourut le troisiéme jour de la maladie. Au sortir de la conférence, j’envoyai à la Cour un Exprès chargé d’une Lettre, dans laquelle je suppliois le Roi Childebert de faire sçavoir sa volonté sur le point qui étoit en question entre les Commissaires & moi. La réponse ne tarda point à venir. Peu de jours après avoir expedié mon Courier, il me fut mis entre les mains un ordre du Roi qui faisoit prohibition à ses Officiers de faire état de la Cité, dont Saint Martin avoit été