Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/602

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couvent, c’est qu’on n’y vivoit point assez régulierement, et sur-tout, qu’on ne s’y comportoit pas dans le bain avec assez de modestie. On sçait que cette abbaye est de la fondation de Radegonde fille de Berthier, l’un des rois des turingiens, et femme du roi Clotaire I. Gregoire de Tours lui-même étoit servi comme les Romains de considération avoient coutume de se faire servir. Tout le monde a entendu dire qu’un de leurs usages particuliers, étoit de tenir toujours auprès de leur personne, des domestiques qu’ils appelloient Notaires, et dont l’emploi étoit de mettre par écrit les ordres que donnoit leur maître, et généralement tout ce dont il leur enjoignoit de tenir une Note, afin qu’il pût avoir recours dans l’occasion, à cette espece de papier journal. Or voici ce qu’on trouve dans notre historien, au sujet d’un miracle que Dieu opera sur Bodillon, par l’intercession de saint Martin. » Bodillon l’un de mes Notaires, étoit tellement incommodé d’un mal d’estomac, qui lui affligeoit également l’esprit & le corps, qu’il ne pouvoit plus rédiger ce qu’il entendoit, ni même écrire qu’à grande peine ce qu’on lui dictoit mot à mot. »

Il ne paroît point que les guerres qui s’étoient faites dans les Gaules, sous le regne de Clovis et sous celui de ses fils, eussent fort appauvri le pays. Les amendes portées dans la Loi Salique et dans la Loi Ripuaire de la derniere rédaction, supposent que ceux qui pouvoient y être condamnés, fussent riches. Les peines pécuniaires de deux cens sols d’or n’y sont pas rares, et il s’y en trouve encore de plus fortes. Plusieurs faits contenus dans nos anciens auteurs, font encore voir que les Gaules n’étoient gueres moins opulentes sous nos premiers rois qu’elles l’avoient été sous les empereurs. Gregoire de Tours en racontant un accident arrivé sous le regne des petits-fils de Clovis, au sujet du mariage qu’Andarchius vouloit faire, en épousant la fille d’Ursus, dit qu’Andarchius prétendoit qu’il y eut un engagement entre Ursus et lui pour faire ce mariage, et même que le dédit fut de seize mille sols d’or.

Ces sols d’or me font ressouvenir de rapporter ici ce qu’on trouve dans le Traité Historique des monnoyes de France, par feu Monsieur Le Blanc, concernant les especes que nos premiers