Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/603

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rois faisoient frapper. Ce sera une nouvelle preuve que ces princes vouloient changer le moins qu’il leur seroit possible, l’état où ils avoient trouvé les Gaules, quand elles se soumirent à leur domination[1].

» Après avoir montré de quelle matiere étoient les Monnoyes dont il est parlé dans la Loi Salique, cherchons quel en étoit le titre, le poids, & la valeur. Il nous reste des sols, des demi sols, & des tiers de sols d’or, bien entiers & bien conservés, qui sont du même poids que ceux des Empereurs Romains qui regnoient environ le tems que les François vinrent s’établir dans les Gaules. Cette conformité de poids me persuade que les François imiterent les Romains dans la fabrication de leurs Monnoyes. Ils purent même se servir de leurs ouvriers & de leurs machines, après qu’ils se furent emparés en entrant dans les Gaules de la Ville de Tréves, où les Romains avoient une Fabrique de Monnoye de même qu’à Lyon & à Arles. Agathias qui a écrit sous le commencement de cette premiere Race, justifie cette pensée, lorsqu’il dit que les François emprunterent beaucoup de choses des Romains. Ceux qui ont quelque connoissance de notre ancienne Histoire, n’auront pas de peine à être du sentiment de cet Historien. » On voit aussi dans Monsieur Le Blanc que l’intention de nos rois étoit, que le titre de leur monnoye fût le même que celui auquel les empereurs vouloient que fussent leurs especes, c’est-à-dire, que ce titre fût le plus approchant du fin qu’il se pourroit. S’il se trouve des sols d’or de nos rois de bas aloi, il s’en trouve aussi de tels marqués au coin des empereurs. Ces sols sont l’ouvrage de faux monnoyeurs ou de monetaires infideles.

Enfin la langue latine fut toujours une langue vulgaire, et du moins une des langues dont se servoit l’Etat sous les rois Mérovingiens ; car pour ne point entrer dans la question, s’il est apparent que Clovis et ses successeurs ayent jamais fait aucun acte public en langue Germanique, je me contenterai d’observer que du moins ils en ont fait un grand nombre en langue latine, lesquels nous sont demeurés. Tel est le traité fait à Andlau, entre le roi Gontran et le roi Childebert son neveu l’année cinq cens quatre-vingt-huit. Gregoire de Tours qui nous a donné cet instrument en entier, observe que Gontran avant que de le signer, le fit réciter à haute voix. D’ailleurs ce traité est daté suivant l’usage des Romains. Il y est dit qu’il fut signé un

  1. Traité Hist. des Monnoyes de France, p. 2.