Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/607

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leur faire auparavant leur procès suivant une certaine forme.

Frédegaire commence sa Cronique par l’éloge de la débonnaireté du roi Gontran. De bonitate regis Gumtramni. Ce prince néanmoins ordonna que Chundo, l’un des principaux seigneurs de l’Etat, subiroit l’épreuve du duel pour un cas très-frivole, puisque le crime dont il étoit accusé, n’étoit autre que celui d’avoir tué un taureau sauvage. Le succès du duel dont nous avons rapporté l’histoire dans le sixiéme chapitre de ce livre, n’ayant pas justifié Chundo, Gontran le condamna d’être assommé à coups de pierre, ce qui fut exécuté. On a vû par le récit de Gregoire De Tours que Gontran jugea seul. Cependant notre historien ne reproche rien à ce prince sur la forme du jugement rendu contre Chundo. Il y a plus. Gontran lorsqu’il vint à se repentir de ce qu’il avoit fait, ne se reprocha rien sur la forme de ce jugement. Ce qu’il regretta, ce fut d’avoir condamné à mort par un premier mouvement et pour un sujet bien leger, un homme fort attaché à sa personne et très-capable de servir son souverain. Cela montre bien que Gontran n’avoit pas jugé Chundo d’une maniere extraordinaire et odieuse.

Rauchingus étoit Franc de nation, puisqu’il se prétendoit fils de Clotaire Premier, et il étoit employé en qualité de duc par Childebert Le Jeune. Cependant lorsque ce prince le fit mourir comme coupable d’un crime de léze-majesté au premier chef, ce fut sans aucune forme de procès. Childebert ayant averé le fait par des informations qui lui paroissoient apparemment suffisantes, il manda Rauchingus, l’interrogea dans sa chambre, et il le congedia. Au sortir de ce lieu Rauchingus fut saisi par ceux qui avoient reçû l’ordre de l’exécuter, et qui le firent mourir. Bref, il fut exécuté à peu près comme Messieurs De Guise le furent à Blois en mil cinq cens quatre-vingt-huit, et comme le maréchal D’Ancre le fut à Paris en mil six cens dix-sept. Frédegaire dit en parlant de cet évenement. » Dans ce tems-là Rauchingus, Gontran-Boson, Ursion, et Bertefredus qui étoient des plus grands seigneurs des Etats de Chil-